Le 3 mars 2023 a vu la publication en plusieurs langues d’une Déclaration internationale pour l’abolition universelle de la GPA
En France, cet appel est parti de l’association Juristes pour l’enfance, et de sa présidente Aude Mirkovic.
Depuis plus de vingt ans, aux États-Unis et partout dans le monde, des gens se battent dans le même sens. L’infirmière Jennifer Lahl fondatrice et présidente de la dynamique Stop surrogacy now » a publié de nombreux témoignages visant à réduire la demande et l’offre de GPA, dans la perspective des atteintes à la dignité et à la santé des « mères porteuses », et du point de vue juridique, dans la mesure où il s’agit de vendre des enfants. En France, Sylviane Agacinski et Michel Onfray sont les personnalités les plus connues qui souscrivent à cette perspective, laïque et féministe. Les relais chrétiens, en France, sont nombreux, et très militants.
On ne peut que se réjouir de la nouvelle offensive d’un point de vue juridique précis, et incontestable selon les critères juridiques et législatifs de tous les États. La célébration internationale de la Journée de la femme, le 8 mars 2023, est une bonne occasion d’insister : il s’agit d’un nouveau marché aux esclaves mondial. Le système esclavagiste tel que qu’implanté en Amérique a duré presque trois cents ans, mais les abolitionnistes ont fini par gagner la bataille de la conscience morale en Europe et en Amérique, au niveau des lois, et des tribunaux, jusqu’aux instances internationales.
Le précédent de l’esclavagisme industriel
Comme pour l’esclavage transatlantique industriel pratiqué à très grande échelle pour la colonisation de l’Amérique, se dessine un schéma capitaliste subordonnant toute autre considération :
- Une demande massive de main d’œuvre. Pour le moment, la demande de GPA est celle des adultes qui veulent des enfants, mais ne peuvent devenir parents par la méthode naturelle. La demande a donc l’apparence d’un élément de commerce privé.
- Autrefois, c’était une demande privée (pour le service domestique), patronale (pour des travaux agricoles, miniers et relevant du bâtiment), encadrée peu ou prou par les États coloniaux européens, auxquels s’ajoutent les États-Unis pendant presque un siècle (1783-1865), et plusieurs États indépendants de l’Amérique ibérique jusqu’en 1884.
- Une expertise internationale juive ancienne, au plan technique, financier, commercial et en matière de communication.
- Une activité mettant en jeu des circuits mondialisés (autrefois le commerce triangulaire impliquait trois continents, Europe, Afrique, Amérique) en constante expansion.
- Actuellement, comme on dit, il suffit d’une carte bleue pour entrer dans le circuit de la GPA, les différentes matières premières provenant de tous les coins du monde, l’assemblage et la couvaison pouvant aussi se dérouler dans des contrées très distantes de celle des acheteurs du produit fini, déclarés parents.
Le contexte culturel
- Aujourd’hui comme hier, on est dans un contexte religieux, culturel et juridique chaotique, contradictoire, très sensible à la corruption.
- Autrefois le mythe de la malédiction des fils de Cham par Noé était brandi par les juifs comme justification judéo-chrétienne partagée de l’esclavagisme ; le Vatican et les églises locales tentaient de limiter les excès dans la cruauté de l’exploitation du bétail humain, mais validaient l’état de fait de la « nécessité » de l’esclavage; la demande était pressante, indispensable à l’essor des colonies, et il y avait des réserves inépuisables de « bois d’ébène », la grande ressource naturelle de l’époque, celle de travailleurs d’une qualité exceptionnelle, par leurs performances et leur endurance, dont les gisements étaient en Afrique. De grands penseurs catholiques furent des défenseurs convaincus de l’esclavage en tant que cadre indispensable pour la régénération des barbares par le travail, tel le remarquable analyste de l’âme et du péché Antoine Blanc de Saint-Bonnet, dans L’amour et la chute , Paris 1898…, cinq ans après la mort de Victor Schoelcher, celui qui avait su imposer l’abolition de l’esclavage par la seconde république, celle de Lamartine, en 1848… On peut être réactionnaire, perspicace, profond, et parfaitement aveugle à l’Afrique, les cas d’intellectuels contemporains, catholiques ou non, restent fréquents, et choquants. Alors même que les distances physiques, mentales et morales entre l’Afrique et l’Europe se sont réduites à un point inimaginable au XVI°siècle.
Les différences d’échelle
Il y a aussi des différences entre le marché aux esclaves africains et le nouveau marché rendu possible par les bonds technologiques en bio-industrie, et par la mondialisation, tant financière que mentale.
La crise de la fécondité
Au niveau de la demande, la crise de la fécondité, dramatique en Europe et en Israël, prend le chemin d’une stérilité majoritaire, aggravée par les « effets secondaires » des « vaccins » à ARN modifié, imposés aux pays occidentaux : un « terrible effondrement des naissances » semble s’installer. Les trois pays les plus menacés de dépopulation sont en ce moment la Russie, le Japon et l’Ukraine. Les pays occidentaux compensent la chute de leur natalité native par la fécondité des nouveaux arrivants, tandis qu’en Israël, les religieux sont prolifiques, et la GPA est massive, quoique les enfants artificiels ne soient pas comptabilisés comme tels, pour maintenir la fiction de l’identité du statut d’enfant selon la nature ou acheté, « choisi » et fabriqué sur mesure. Rappelons qu’Israël est le pays pionnier en matière de GPA, à tous points de vue, et avant tout pour remédier aux difficultés spécifiquement juives en matière de reproduction.
Avortement et GPA
Au niveau législatif, les tentatives pour imposer l’avortement comme droit inscrit dans la Constitution (un chantier international, nullement limité à la France) constituent une contre-attaque, non seulement contre les catholiques, mais aussi contre ceux qui veulent mettre fin au commerce gestationnel. En effet, le tri embryonnaire et le tri parmi les fœtus (enfants à naître) est systématique et indispensable à « la recherche médicale » et à la fabrication d’enfants moins défectueux que les enfants naturels.
Constitutionnaliser l’avortement, pour quoi faire?
Si l’avortement était inscrit dans la Constitution française, un boulevard serait ouvert à la « rationalisation » de la reproduction, l’État pouvant s’arroger le droit de réguler autoritairement les naissances, en donnant la priorité aux grossesses par la magie de la biotechnologie, sous des prétextes « sanitaires », ce à quoi travaillent d’arrache-pied les autorités supranationales soucieuses de ralentir la croissance démographique dans chaque pays.
Sommes nous une variable d’ajustement?
La GPA est donc un rouage de la mise en esclavage capitaliste générale, abolissant la dignité et la liberté des enfants (de par leur statut originel de marchandise), des mères et des pères, des adolescents avides de vérité et d’amour.
La part et la place du sacré
Les arguments contre la GPA sont innombrables (de même que s’agissant de l’avortement). On tend à sous-estimer la conscience de la sacralité de toute naissance. La fête de la nativité du Christ est celle de tous les enfants à faire naître, au sein de chaque famille, comme planche de salut au milieu des pires difficultés. Est-ce que c’est parmi les enfants artificiels que surgiront les nouveaux prophètes capables d’enclencher la révolution spirituelle dont nous avons tant besoin ? Peut-être, comme les bâtards des seigneurs sont souvent les meilleurs combattants, précisément parce qu’ils connaissent d’autres faces des choses, que ne soupçonnent pas les gens de naissance « selon la norme » . En tout cas, il y a toujours d’autres solutions que celles qui passent par le profit sordide, pour les grands dilemmes.
Sacrement et contre-sacrement
Dans nos sociétés laïcisées, bien souvent, il faut subir un ou plusieurs avortements pour redécouvrir la sacralité de l’engendrement et de l’enfantement. Malheureusement l’âme se laisse corrompre, et la marchandisation universelle aboutit à une perversion gravissime, par sa profondeur et sa complexité, de la conscience de tous. Non seulement l’avortement est un contre-sacrement, défendu comme tel par de nombreuses et puissantes institutions juives, mais ses victimes se laissent persuader qu’il faut en passer par là pour être modernes, démocrates, écolos, et j’en passe.
Heureusement, dans le monde entier, des voix s’élèvent pour dire ce que chacun sait, mais qu’on veut nous empêcher de voir et de faire voir, en Occident beaucoup plus intensément que partout ailleurs.
Annexe: Déclaration pour l’abolition universelle de la GPA
Nous, signataires de la présente Déclaration,
Conscients
- de la souffrance des personnes qui ne peuvent pas procréer
- de l’attrait exercé par les technologies reproductives
- et de l’enjeu international d’une protection efficace de la dignité humaine
Convaincus que le contrat par lequel un ou plusieurs commanditaires conviennent avec une femme qu’elle portera un enfant ou plusieurs enfants en vue de leur remise à la naissance, quelles que soient sa dénomination et ses modalités et ci-après désigné comme gestation pour autrui (GPA),
- porte atteinte à la dignité humaine
- et contribue à la marchandisation des femmes et des enfants
Demandons aux États de condamner la GPA dans toutes ses modalités et sous toutes ses formes, qu’elle soit rémunérée ou non, et d’adopter des mesures pour combattre cette pratique.
Dans ce but, nous adressons aux États les recommandations suivantes :
- interdire la GPA sur leur territoire
- refuser toute valeur juridique aux contrats comportant l’engagement pour une femme de porter et remettre un enfant
- sanctionner les personnes, physiques ou morales, qui se proposent comme intermédiaires**** entre les mères porteuses** et les commanditaires***
- sanctionner les personnes qui recourent à la GPA sur leur territoire
- sanctionner leurs ressortissants qui recourent à la GPA en dehors de leur territoire
- agir en vue de l’adoption d’un instrument juridique international emportant abolition universelle de la GPA.
Proposons en annexe de la présente Déclaration un projet de Convention internationale à la libre disposition des États qui voudront s’engager dans cette démarche.
* La gestation pour autrui ou procréation pour autrui, maternité de substitution, exploitation reproductive, recours à une mère porteuse, est le fait pour un ou plusieurs commanditaires de convenir avec une femme qu’elle portera un enfant ou plusieurs enfants en vue de leur remise à la naissance, que l’accord soit convenu directement entre eux ou par l’intermédiaire d’un ou plusieurs tiers.
** Gestatrice, ou mère porteuse ou mère de substitution : femme qui s’engage envers un ou des commanditaires à porter pour leur compte un ou plusieurs enfants qu’elle leur remettra à la naissance.
*** Commanditaire(s) : la ou les personnes, également désignés comme clients ou parents d’intention, qui conviennent avec une femme qu’elle portera pour leur compte un ou plusieurs enfants qu’elle leur remettra à la naissance.
**** Intermédiaires en vue de la GPA : personne(s) physique(s) ou morale(s) qui mettent en contact une femme et un ou plusieurs commanditaires afin que celle-ci porte un ou plusieurs enfants qu’elle leur remettra à la naissance, et/ou assurent l’entremise entre la femme et le ou les commanditaires dans ce but.
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Annexe – Convention internationale proposée aux États pour l’abolition universelle de la GPA
Les États signataires à la présente Convention,
Conscients
- de la souffrance des personnes qui ne peuvent pas procréer
- de l’attrait exercé par les technologies reproductives
- et de l’enjeu international d’une protection efficace de la dignité humaine
Convaincus que le contrat par lequel un ou plusieurs commanditaires conviennent avec une femme qu’elle portera un enfant ou plusieurs enfants en vue de leur remise à la naissance, quelles que soient sa dénomination et ses modalités et ci-après désigné comme gestation pour autrui (GPA),
- porte atteinte à la dignité humaine
- et contribue à la marchandisation des femmes et des enfants
Condamnent la gestation pour autrui dans toutes ses modalités et sous toutes ses formes, qu’elle soit rémunérée ou non.
S’engagent à lutter contre cette pratique pour protéger et préserver la dignité humaine et les droits des femmes et des enfants, en adoptant des mesures concrètes et, notamment :
- interdire la GPA sur leur territoire
- refuser toute valeur juridique aux contrats comportant l’engagement pour une femme de porter et remettre un enfant
- sanctionner les personnes, physiques ou morales, qui se proposent comme intermédiaires entre les mères porteuses et les commanditaires
- sanctionner les personnes qui recourent à la GPA sur leur territoire
- sanctionner leurs ressortissants qui recourent à la GPA en dehors de leur territoire
© 2023 Déclaration internationale pour l’abolition universelle de la GPA