Diversité théâtrale : si les logiques se taisent, les pierres crieront
Par Sébastien Renault
Introduction : l’ère de la représentation sectatrice fétichisée
La théâtralité du concept de « diversité » et son instrumentalisation fétichisée à des fins hyper-capitalistes souvent inavouées, quoi qu’évidentes, font partie intégrante de cette conception mondialiste du « progrès » si caractéristique de notre belle époque. De « queerisme » en mal identitaire de non-conformité adolescente, la diversité théâtrale politisée s’est finalement constituée en wokisme corporatiste militant. C’est ce dernier qui sévit aujourd’hui à travers le monde occidental jusqu’à la nausée et qui n’est, en dernière analyse, qu’un moyen de réification universelle, de marchandisation et de profit faisant feu de tous les bois de l’obscénité et de la déchéance humaine. La grande fétichisation contemporaine de la diversité, au même titre que ces autres idoles du moment que sont l’ « équité » égalitaire, l’ « inclusion » exclusiviste (par discrimination dite « positive ») et le changement systémique (la destruction de l’ordre pré-wokiste), se décline sur fond de théâtre de l’antifascisme (incroyablement, ça marche toujours). Sa stratégie « philosophique » contre-existentialiste mais résolument nominaliste repose, en premier lieu, sur l’essentialisation des catégories les plus superficielles ; puis, en deuxième lieu, sur la mise en œuvre de techniques de raisonnements plurivalents par le truchement de systèmes logiques fluidifiés – applicables et portant du fruit dans le domaine des intelligences artificielles comme dans celui, entre autres exemples de logiques, de la logique déontique étendue à l’analyse libératoire et justificatrice de la diversité prétendue « non-binaire » des genres.
La programmation conceptuelle, linguistique et idéologique des esclaves mentaux contemporains repose fondamentalement sur le phénomène de fétichisation des ombres projetées sur les parois de leur Caverne systémique (par quoi nous entendons la prison de leur émasculation, de leur neutralisation, de leur covidisation, et même de leur culpabilisation d’exister). C’est sur ce théâtre des ombres fétichisées que s’illustre à plein la grande prestidigitation de la « diversité » exaltée, au point de tenir lieu de critère impératif de la nouvelle vertu politico-sociétale – qu’on retrouve expressément à l’œuvre à travers la célébration fanatisée de la débauche homosexualiste sous la bannière tautologique « love is love » et de celle de toutes les déviances poly-genrées qui font aujourd’hui progressivement le lit des visées et ambitions de l’hybridation transhumaniste. Le lecteur pourra juger utile de garder quelques éléments de cette programmation à l’esprit avant de se pencher avec nous sur la fétichisation wokiste de la diversité jaugée à travers le prisme de différentes procédures de la pensée – dont certaines, nous allons le voir, peuvent être facilement contournées, adoptées, adaptées et détournées au profit de l’idole pluraliste illimitée.
En guise de balises non-exhaustives de notre cartographie de ce phénomène de la diversité fétichisée, nous faisons ici état de quelques-uns des principaux leitmotivs de sa répercussion universalisée moyennant le wokisme institutionnel (GAFAMI-que) :
- Le phénomène de la diversité fétichisée donne lieu à une constante et particulièrement pathétique mise en scène politico-médiatique de représentation superficielle et d’activisme performatif. Des personnes se réclamant de tel ou tel particularisme identitaire se voient ainsi attribuer tel rôle ou tel statut social, sans autre objectif que la préservation des apparences par l’entremise du signalement vertueux – cet exhibitionnisme de la « bonne conscience » simulée, lui-même à la fois fétichiste et censeur, qui domine sur les réseaux de l’apparat obsessionnel (Fakebook, Twitter, TikTok…).
- Il accentue les stéréotypes et l’essentialisme primaire, en cataloguant les individus uniquement selon la couleur de leur peau, leurs penchants sexuels, ou encore leur appartenance démographico-ethnique.
- Il se manifeste encore par un contrôle systématique du langage « inclusif » (un genre particulier de la novlangue), par l’intermédiaire duquel s’opère une surveillance minutieuse (sur les réseaux sociaux, à l’école, au travail, dans les familles) habilitée à détecter la présence et à censurer l’utilisation de termes ou d’expressions susceptibles d’être considérés « injurieux » et/ou « discriminatoires ».
- L’importance démesurée conférée à la diversité fétichisée donne lieu à d’incessants clivages sociaux et autres affrontements communautaristes inéluctablement entretenus par la logique viciée et vicieuse de discrimination inversée inhérente à la rage wokiste.
- En fétichisant la diversité, le wokisme attaque à la racine la capacité de détermination libre et par conséquent aussi celle d’autonomie proprement morale des individus issus de groupes identitaires, les rabaissant au rang de vulgaires représentants caricaturaux de telle ou telle autre communauté totémique.
- En fétichisant l’antiracisme unilatéral au service de l’illusion de la victimisation, le moralisme contemporain parvient à imposer le contre-poids d’une discrimination rétroactive. Dans un petit essai intitulé Le métissage dans la pensée de María Zambrano, Maria Poumier, considérant l’enracinement de la pensée de la métaphysicienne espagnole, vaillante et profonde dans sa réprobation du dérapage historiciste de la pensée moderne, récapitule exactement ce qu’il en est de ce fétiche de l’antiracisme du pouvoir : « L’antiracisme est devenu l’un des articles de croyance qui peut permettre à la démocratie de devenir un totalitarisme, c’est-à-dire une tyrannie intimement acceptée, et un lieu commun chargé par le despotisme de se démarquer des “fascistes”, ou des “racistes”, les méchants par excellence. »
Nous allons maintenant examiner et analyser quelques-uns des mécanismes par lesquels le phénomène de la diversité fétichisée opère le détournement de la pensée saine (rationnelle et juste) que nous connaissons aujourd’hui (avec les résultats que l’on sait sur le plan éducatif, politique, philosophique) ; et observer qu’il repose notamment sur l’exploitation et un certain usage de la logique fondé sur la validation par construction constructiviste.
1. Le détournement de la logique à des fins d’exploration conceptuelle
Au sens le plus universel qui soit, comme le veut une conception de la raison connaturelle à la nature humaine, le raisonnement logique obéit à un ensemble de règles et de critères par lesquels la pensée, s’appuyant sur quelques prémisses, parvient à telle ou telle conclusion. De la syllogistique aristotélicienne jusqu’aux divers développements de la logique mathématique contemporaine, en passant par les théories des suppositions et des conséquences héritées des grands penseurs médiévaux [1], la logique formalisée se présente d’abord comme science des lois de l’être vrai et de la déduction formelle : par la postulation d’axiomes et par l’utilisation de règles d’inférence, elle cherche à démontrer, étape par étape, la validité d’un argument.
Au-delà des questions plus techniques portant sur le domaine des fondements (consistance et cohérence), l’analyse logique va donc tendre à porter sur la structure des arguments (leur validité ou leur invalidité), s’attachant à identifier et à analyser les diverses formes de raisonnement d’un discours, telles que la déduction et l’induction. Rappelons que le raisonnement déductif consistera à tirer des conclusions qui seront nécessairement vraies si telles sont ses prémisses ; tandis que le raisonnement inductif consistera à tirer des conclusions vraies de manière probabiliste ou plausible sur la base de modèles ou de données observées.
En somme, puisqu’il n’est pas question de disserter ici sur l’histoire de la logique, aussi passionnante soit-elle, cette discipline se caractérise avant tout par son approche systématique et rationnelle du raisonnement, en s’appuyant sur des principes de validité, de cohérence et de démonstration probante – vérifiable par l’application de procédures d’inférences rigoureuses.
À la lumière de ce bref récapitulatif, nous pouvons postuler en toute confiance que la logique elle-même, dans son usage premier de science des lois de l’être vrai, ne saurait, par définition, étayer ou justifier la promotion de contre-vérités ontologiques. Cependant, sur le plan épistémologique, le détournement logico-conceptuel est tel que la notion de diversité elle-même devient aujourd’hui un prétexte de falsification ontologique assumée. L’exploration plastique, comme en sexualité dévoyée, devient l’excuse intouchable au nom de laquelle tout est permis. Le problème de cet infraction conceptuelle « exploratrice » se pose de manière encore plus explicite lorsque des individus ou des groupes identitaires militants s’emploient intentionnellement à réinvestir le concept de diversité pour légitimer des affirmations contrevenant aux règles de la pensée logique comme à la réalité objective. Tout le délire wokiste procède de cette matrice auto-légitimatrice dérogeant aux critères de la pensée juste et aux contraintes ontologiques du monde réel. Lorsque le virtuel fait force de loi, la logique elle-même est sommée de se soumettre, au même titre que le domaine des données premières, qu’elles soient physiques et/ou métaphysiques.
On trouve dans le relativisme connaturel à la pensée ambiante, que privilégient les élites comme les masses occidentales [2], un facilitateur particulièrement efficace d’une conceptualisation collective fétiche de la « diversité ». Le relativisme postule que la vérité et la connaissance sont entièrement subjectives parce que relatives aux individus ou aux cultures. Selon l’estimative aujourd’hui pratiquement dogmatisée de ce postulat fallacieux [3], toutes les opinions sont pareillement respectables puisque toutes seraient aussi valables ou vraies les unes que les autres. Dans sa quête d’ « inclusivité » dépourvue de critères discriminatoires, la tolérance relativiste n’en prétend pas moins prescrire le bannissement de la vérité objective, tout comme celui de l’analyse rationnelle capable d’assister à la préservation sociale de la discrimination nécessaire à la vie, à l’exercice même de la pensée, à celui d’un discours intelligible.
Sur le plan culturel non formalisé, le concept d’ « éveil » d’obédience « wokiste » s’assimile à une sensibilisation accrue aux questions sociales et aux inégalités dites « systémiques ». Une certaine haine anti-occidentale (en sens anti-chrétien du terme [4]) se déclinant sous diverses couleurs entérine cette perception d’éveil dont d’aucuns se drapent volontiers pour se donner des airs de supériorité morale, historique et raciale (au nom même de cet antiracisme à la mode wokiste). C’est sous cet apparat révisionniste de supériorité morale que s’opère aujourd’hui un renversement progressif de la logique, d’abord par glissement et par exploration conceptuelle ; puis par l’application sélective, voire même le mépris sous-jacent du raisonnement logique dans le but de faire avancer un programme idéologique particulièrement nuisible à la pensée rationnelle, donc à l’intégrité intellectuelle et à la recherche de la vérité.
1.1. Les principaux artifices du plaidoyer wokiste pour la diversité
Donnons simplement quelques exemples [5] des principaux mécanismes impliqués dans ce processus de détournement par élasticité conceptuelle et par sélectivité. Nous nous arrêterons plus loin sur certaines des caractéristiques plus formalisées du piratage de la logique, notamment par surévaluation de la plurivalence à des fins extra-logiques.
Rappelons, en premier lieu, que l’exploration conceptuelle « wokisée » au service du racialisme progressiste s’appuie sur une épistémologie entièrement axée sur l’identité, selon laquelle la connaissance et la vérité sont elles-mêmes fondamentalement subordonnées aux expériences vécues par les individus appartenant à telle ou telle minorité. La mystification qui sous-tend une telle posture s’apparente au sophisme informel du type argumentum ad populum, une sorte d’argument d’autorité auto-légitimaire dans le cadre des « minorités persécutées ». Son optique postule le solipsisme particulariste de groupe comme ultime critère épistémologique et aléthique, décrétant en substance que le raisonnement logique traditionnel, ancré dans l’objectivité des données et soumis aux règles universelles de l’inférence binaire (« pro-patriarchale », « pro-blanche »), ne saurait saisir le sens et la portée qu’elle seule est en mesure de donner à sa réalité et à son expérience de celle-ci.
Sur ces bases, les architectes et avocats de la diversité fétichisée, explorateurs de sa malléabilité conceptuelle, procèdent ensuite à des généralisations à l’emporte-pièce en partant du principe que tous les membres de tel ou tel groupe identitaire présentent les mêmes caractéristiques. Généraliser ici ne revient pas seulement à simplifier à l’extrême, au gré d’une homogénéisation factice ; cela permet surtout d’essentialiser, pour entraîner une répercussion tant linguistique que logique sur la formation du discours et sur la fonction à la fois performative et subliminale du narratif.
La promotion de la diversité fétichisée passe également par l’argumentum ad passiones, de manière à infléchir les opinions et à susciter un sentiment collectif d’ « obligation morale », même s’il était complètement imaginaire. Il serait donc « raciste » (ou « antisémite », ou « homophobe », ou « éco-inconscient », ou « pro-Poutine »), au titre de cet « argument » de facture émotionnelle vulgarisée, de ne pas ressentir une telle obligation… Le facteur de persuasion narrative, toujours très efficace, repose ici sur une catéchisation médiatique par endoctrinement émotionnel, non sur quelque raisonnement logique bien-fondé.
On l’a signalé plus haut, l’exploration conceptuelle d’obédience wokiste, consubstantielle à la fétichisation de la diversité, est synonyme d’élasticité conceptuelle [6] ; il faudrait même mieux parler ici de dilatation conceptuelle (la notion d’élasticité impliquant la présence d’une force de rappel que n’implique plus celle de dilatation, tant la logique wokisme elle-même, contre toute logique digne de ce nom, entend s’endurcir au-delà de l’influence de toute forme de rappel par les principes et les balises de la raison pérenne). Celle-ci, en premier lieu, passe par la redéfinition et l’investissement idéologique très prononcé de termes clés, tels que le « racisme », le « sexisme », l’ « homophobie », l’ « oppression », etc., de manière à élargir leur champ d’application au plus grand nombre possible d’individus ou de situations. Ce faisant, il devient plus facile de mettre en exergue telle ou telle situation censée attester d’une « injustice systémique », quand bien même la définition originelle de tel terme clé ne s’appliquerait pas.
Le biais cognitif de confirmation constitue un autre mécanisme de psychologie sociale largement contributeur de la promotion du spectacle de la diversité fétichisée. Il se produit lorsque tels militants communautaristes exploitent et interprètent les informations relatives à une situation litigieuse (par exemple, quelque émeute à caractère racial) de telle sorte qu’elles puissent confirmer leurs croyances préétablies. Dans le contexte de l’exploration conceptuelle portant sur la diversité politiquement wokisée, les individus pourront sélectionner les éléments de preuve ou les arguments aptes à bien cadrer avec leur vision du monde, tout en rejetant ou en ignorant les sources et les données susceptibles de la contredire. Un mécanisme de raisonnement sélectif très fréquent qui induit toujours une compréhension largement déformée de questions et de problèmes en réalité beaucoup complexes que ne le laisse entrevoir une vision antagoniste biaisée.
Le double mécanisme de pensée de groupe et de pression mimétique qu’exerce telle optique dominante au sein de tel groupe donné concourt lui aussi à l’incubation simultanément sociétale, politique et médiatique de cette diversité fétichisée si intimement associée au victimisme wokiste des minorités tyranniques. Au point qu’on le voit en outre s’exercer au-delà des limites identitaires de son expression première et intime. C’est le cas, comme il est aisé de le remarquer lorsqu’on s’intéresse aux effets du matraquage racialiste et homosexualiste (particulièrement au mois de juin, censé faire officie de « mois de la fierté »), idéologies qui passent très largement au-delà des limites d’une persuasion identitaire en interne à un militantisme impérieux et condamnateur vis-à-vis de la moindre opposition. Il faut à ces entreprises de propagande protégée, pour justifier à leurs propres yeux et aux yeux du plus grand nombre leur complexe d’ascendance morale sur l’ordre ancien (comme le dicte la logique d’un progressisme métaphysiquement vain), la contrepartie d’une victime émissaire toute trouvée : l’homme blanc, hétérosexuel et chrétien, toujours derrière le volant d’un véhicule à moteur à combustion interne producteur de « vilaines » émissions de CO2… Rien d’étonnant que la pensée de groupe et la pression sociale mimétique soient ainsi aussi étroitement liées à la violence des foules [7]. Quant au désir mimétique induit par les mêmes mécanismes, on le voit produire ses effets serviles au gré de la pression supplémentaire par l’affichage à profusion de signalements vertueux dans les rues et sur les réseaux sociaux. Phénomène très présent chez les « progressistes » blancs désireux de se procurer une bonne conscience à bas prix (avec les « bénédictions » et les applaudissements des médias du pouvoir).
Enfin, réprimer les voix dissidentes sans se donner la moindre peine d’instaurer un dialogue de fond digne de ce nom (et d’en respecter les règles élémentaires) demeure la stratégie privilégiée déployée par les forces du wokisme doctrinaire politico-médiatique, aux fins de perpétuer leurs conceptualisations et leurs narratifs mensongers.
2. De l’enrichissement du calcul standard à l’évasement fantaisiste du réel
2.1. Bref aperçu des logiques multivalentes
Les modalités de la logique à n valeurs trouvent des applications dans divers domaines : les intelligences artificielles, les systèmes flous, l’information quantique, les arbres de décision, les systèmes de contrôle et de gestion de l’incertitude visant à maximiser la prédiction des retombées de telles ou telles opérations décisionnelles. Notons, au passage, que le pouvoir décisionnel en tant que tel ne se trouve jamais dans un système algorithmique génératif. Le génie et la prérogative de la décision, au vrai sens du terme, relèvent de l’intelligence volontaire de l’homme, non pas de quelque « intelligence » artificielle dont les pouvoirs, souvent fantasmés par les non-initiés, ne sont jamais de nature volitionnelle active. La « décisionnalité » logique est procédurière. Elle ne relève donc pas de la liberté qu’implique la mise en action de l’intelligence humaine.
Les opérations de la logique à n valeurs (ou, plus précisément, des diverses logiques multivalentes) diffèrent de celles de la logique binaire à plusieurs égards, à commencer par la représentation des valeurs de vérité comme « ensembles de valeurs de vérité » variant de trois à un nombre infini – au lieu de de simplement traiter le rapport logique comme une relation binaire entre des ensembles. Au-delà des connecteurs traditionnels [8], qu’elle assume et étend à ses propres opérations, la logique multivaluée introduit des connecteurs supplémentaires, tels que l’implication (→), l’équivalence (↔), l’agrégation de propositions et divers opérateurs modaux, de manière à représenter et à évaluer les énoncés qui ne sont ni strictement vrais ni strictement faux. Le traitement de tels énoncés reposera en outre sur l’introduction de logiques partielles. Quant au traitement multivalué des contradictions, dérivant par exemple d’infractions du syllogisme disjonctif ou de la reduction ad absurdum, il s’appuiera sur ce qu’on appelle la logique « paracohérente », un type de régime d’inférence modifiée conçu pour gérer les contradictions sans entraîner de capitulation informatique. L’application de la paracohérence repose sur l’abolition formelle du principe d’explosion (selon lequel une contradiction implique n’importe quoi, du latin scolastique ex falso quodlibet). En pratique, elle permet donc à certains types de contradictions de coexister sans que soit trivialisé, au sens logique du terme, le raisonnement sous-jacent au fonctionnement opérationnel de systèmes d’information à haut débit.
En logique à valeurs multiples, les procédures classiques de conjonction, de disjonction et de négation impliqueront la manipulation et la combinaison de valeurs de vérité intermédiaires. Procédures impliquant une certaine retraduction des opérations les plus courantes. On peut prendre la disjonction, qui consistera alors à combiner deux ou n valeurs de vérité pour produire, à titre d’exemple, une somme probabiliste ; et l’introduction, parmi d’autres opérations, de l’agrégation de propositions, qui consistera à combiner plusieurs valeurs de vérité en une seule et unique valeur, au moyen de fonctions d’agrégation, notamment la somme algébrique…
Voici quelques autres formes courantes d’extension opérationnelle de logique à n valeurs et leurs applications dans le cadre de divers domaines de traitement de la complexité computationnelle :
- Les portes logiques à n valeurs : elles permettent d’étendre le concept des portes binaires traditionnelles (et, ou, non) pour intégrer et gérer plusieurs valeurs de vérité au sein d’un système au demeurant déterminé par la distinction booléenne fondamentale entrée/sortie. Ces portes ont pour fonction de gérer l’information des entrées à n valeurs et de produire des sorties pareillement multivaluées. Elles s’appliquent notamment à la conception de circuits électroniques et à l’architecture informatique des systèmes numériques.
- La logique probabiliste : elle étend le champ logique du calcul classique des prédicats en substituant des probabilités [9] aux tables de vérité de la logique bivalente (vrai/faux). Elle est diversement mise en application en ingénierie décisionnelle, en intelligence artificielle, en apprentissage automatique (qu’on appelle encore apprentissage statistique) et en analyse statistique inférentielle de données [10], domaines où l’incertitude informationnelle stochastique [11] et le raisonnement par déduction probabiliste jouent un rôle prépondérant. La logique probabiliste préserve et facilite le raisonnement logique rigoureux lorsque celui-ci ne peut s’appuyer que sur une information incomplète ou incertaine.
- La logique quantique : elle s’applique à l’informatique quantique, où les bits quantiques (les qubits) peuvent représenter plus de deux états simultanément. Les portes et les opérations de la logique quantique sont conçues de façon à manipuler ces qubits, de sorte que les algorithmes et les calculs quantiques soient effectivement exécutables.
- Le calcul propositionnel multivalué : il étend la logique propositionnelle classique bivalente pour intégrer et gérer des valeurs de vérité multiples au moyen d’une syntaxe et d’une sémantique axiomatique ajustées en conséquence. On l’emploie d’abord en logique mathématique (dont l’idéal formel voit l’aboutissement dans le raisonnement automatisé, selon le vieux rêve finitiste de David Hilbert au tout début du XXe siècle) avec pour objectif premier d’élargir le cadre du raisonnement strictement logique et des propriétés déductives [12] du calcul classique des prédicats.
- La logique floue : elle constitue l’archétype formel de la logique multivaluée, permettant aux variables d’un domaine donné de posséder n degrés de vérité entre 0 et 1 (par quoi on la voit prendre appui sur le cadre algébrique du calcul propositionnel booléen, qui lui-même arithmétisait la logique aristotélicienne). Le cadre mathématique déployé en logique floue permet par-là à la pensée de répartir (d’assigner) les données numériques d’un système dans des « ensembles flous » ; avec pour corollaire que le degré d’appartenance de telle variable assumant tel degré de vérité se situe n’importe où dans les limites de l’intervalle [0, 1]. Le degré d’incertitude logique relatif à l’appartenance d’une valeur à un de ces ensembles n’est donc pas séparable de la valeur de vérité qu’on assigne à une variable donnée, nécessairement comprise dans cet intervalle de 0 à 1. L’outil de la logique floue illustre ainsi en lui-même, sur un mode formalisé applicable à moultes domaines, le rapport qu’entretient la pensée à la configuration à la fois ordonnée et aléatoire de l’information coextensive au phénomène du monde.
Pour ce qui regarde les domaines du génie microphysique [13] où l’incertitude et l’imprécision sont intrinsèquement présentes par ce même jeu constitutif d’un mélange de déterminisme et d’indéterminisme, le recours à des outils de pensée capables de formellement traiter de variables revêtant n propriétés multivaluées – comme c’est le cas, en particulier, de la logique floue – s’avère extrêmement avantageux : d’abord sur le plan épistémique de l’interprétation de l’information issue du réel, puis de son analyse (par simplification mathématisée), puis de sa communication. De fait, la structuration de la réalité, en physique (comme en métaphysique), dépasse la bivalence de la logique classique, sans remettre en question la place légitime de cette dernière dans son ordre propre (par ailleurs pris en compte à travers les logiques étendues).
2.1.2. Leurs applications non-formelles à l’extravagance du polygenrisme
La confusion des genres et tout ce qui concerne la transsexualité ne peut vraiment s’imposer à la société que par la force de l’idéologie, du discours insensé, et de la mise au ban du réel lui-même. Nous nous arrêtons principalement sur cette question pour la mesurer à quelques exemples de logiques étendues, puisque la non-conformité de genre est le principal phénomène de supposée « fluidité » non-binaire aujourd’hui, celui envers lequel il n’est désormais plus possible d’être ouvertement en désaccord sans risquer des avalanches d’insultes et la censure de la police de la pensée (ce qui peut aller très loin). Le totalitarisme genré non-binaire ne peut, en effet, s’imposer par sa cohérente, sa justice, sa logique intrinsèque, sa beauté morale, dont il incarne plutôt les attributs antinomiques. Comme avec l’antiracisme, ce qui frappe le plus, c’est d’abord la propension de cette idéologie, dans sa protestation même du soi-disant paradigme « patriarchal » et suprémaciste de l’hétéronormativité, à elle-même recycler les stéréotypes genrés contre lesquels elle prétend s’élever. Tout commence par une contradiction programmatique, pour pouvoir finalement justifier, imaginativement, qu’on peut censurer le réel si besoin est (prétendre, par exemple, que la catégorie « femme » n’est pas biologique) ; faire taire l’autorité logique et son fond d’axiomatique morale persistant (le vrai qui n’est pas le faux et vice versa) ; et finalement donner raison à un monde de chimères politiquement correctes.
En tant que totalitarisme, le mensonge de la fluidité de genre vise à faire plier l’opinion, voire à détruire toute opposition trop opiniâtre. Mais la manière dont cela se fait aujourd’hui passe d’abord par le biais d’une fausse logique et par la diffusion socio-culturelle de jeux de langage caractérisés par le brouillage cognitif et conceptuel. Son premier et double argument d’autorité postule 1) le caractère stéréotype de l’hétéronormativité (construite culturellement, il suffit donc de la déconstruire culturellement) ; et 2) que les esprits « wokisés » (donc « éveillés ») sont aujourd’hui les agents du changement, car ils affrontent courageusement et désavouent tous les stéréotypes (sauf leurs propres stéréotypes genrés plus ou moins démultipliés par moult jeux d’inversion de la base binaire originelle). À partir de là, place à la « fluidité » de la pensée la plus folle, dont le fondement n’est plus rien d’autre que l’auto-validation.
En plaçant le grand projet d’abord rhétorique du polygenrisme sous les auspices d’un relativisme d’inspiration érotétique (du grec ερωτησις, « demande », l’analyse érotétique désignant cette composante de la logique axée sur les règles et sur la forme de l’interrogation), on détecte assez facilement les sophismes grossièrement dissimulés. Le grand projet rhétorique du polygenrisme demandera par exemple (les questions qui suivent sont les questions que nous plaçons dans la bouche des ingénieurs sociaux et des rhétoriciens de la trans-diversité) : « Comment la diversité des genres est-elle interprétée dans différents contextes culturels ? ». Le raisonnement rhétorique sous-jacent ressort d’une « preuve » par l’observation empirique immédiate de l’existence de différentes cultures. Le rapport au genre variera, comme le suggère la question, de culture en culture… Ergo, la variance culturelle (ethnique, sociale, historique) atteste de la primauté constructiviste du genre, qui ne saurait s’en tenir à sa restriction biologique binaire.
Toujours du point de vue de l’analyse érotétique au service du relativisme poly-genriste, l’exploration portant sur les rapports de causes à effets produira toujours l’ « explication » capable de satisfaire l’interrogation rhétorique : « Quelles normes et structures sociétales concourent le plus à la restriction ou à la promotion de la diversité des genres ? ». Ou encore : « Quel rôle l’éducation joue-t-elle dans la promotion ou dans l’inhibition de la diversité des genres ? ».
Les sociologues et les politologues du genre parleront encore d’ « appréhension de l’importance notoire de la portée » et du « rôle » de la diversité des genres dans la société contemporaine… Une manière supplémentaire de dénaturer la logique (à travers ses applications non-formelles et donc non-rigoureuses) en un vulgaire moyen sophistique de réponse à des questions rhétoriques bien ciblées : « Quels avantages sociaux et économiques la diversité des genres procure-t-elle à la société toute entière ? ». Ou bien : « Comment la diversité des genres modifie-t-elle en profondeur (sous-entendu, pour le meilleur) la dynamique des rapports professionnels ? ». Ou encore : « Quels sont les défis ou les obstacles qui entravent la pleine acceptation et réalisation de la diversité des genres au XXIe siècle ? ». Autant de questions portant 1) sur les conséquences estimées fructueuses du polygenrisme ; et 2) sur l’orientation des efforts à déployer pour remédier à tout ce qui pourrait faire ombrage à la positivité du message de la diversité trans-binaire…
L’analyse et la promotion rhétorique de l’extravagance polygenriste implique enfin un examen des solutions et des stratégies potentielles à la faveur de sa mise en place universalisée. D’où les questions suivantes : « Quelles sont les politiques et les stratégies les plus à même à encourager et faire progresser la diversité des genres au sein des différents secteurs institutionnels, industriels, administratifs, juridiques, associatifs, sociaux, communautaires ? ». Cette même pensée idéologique demandera par ailleurs : « Comment le système éducatif et ses différentes filières peuvent-ils promouvoir davantage de sensibilisation à la diversité des genres ? ». Et l’on pourrait bien sûr continuer sur ce terrain rhétorique, illustrant notre propos…
2.1.3. Détournement des concepts et du raisonnement modal
La logique aléthique traite des raisonnements portant sur les propriétés « modales » des énoncés logiques : la possibilité, la contingence, la nécessité. L’analyse modale canonique introduit de nouveaux opérateurs pour exprimer la « nécessité » (□) et la « possibilité » (◊). Ils permettent, respectivement et indissociablement, la transcription logique des modalités selon lesquelles les choses sont nécessairement ou possiblement vraies ou fausses. Dire, par exemple, qu’une chose est nécessairement vraie, revient à dire qu’il n’est pas possible qu’elle ne le soit pas. Ou,
□x ≡ ¬◊¬x.
De la même manière, dire qu’il est possible qu’une chose soit vraie, c’est dire qu’il n’est pas nécessairement vrai qu’elle soit fausse :
◊x ≡ ¬□¬x.
On pourra donc, à titre optionnel, choisir de dire exactement la même chose sous deux modes différents, pour indiquer 1) qu’il est impossible que x soit vrai ; ou bien 2) que x (ce même x) est nécessairement faux. Autrement dit :
¬◊x ≡ □¬x.
La distinction fondamentale, en logique modale, va donc se situer entre :
- les vérités nécessaires : ce qui doit être vrai partout, nécessairement, sous toutes les latitudes de tous les mondes possibles et imaginables ; et
- les vérités contingentes : ce qui est vrai dans la configuration de notre monde tel qu’il existe à présent, mais qui pourrait ne plus l’être, ou l’être différemment au sein d’autres mondes possibles [14].
En appliquant plus ou moins consciemment des raisonnements de type modal pour forger un discours en phase avec la magie nominaliste de la diversité fétichisée des n genres ayant libre cours dans l’imaginaire transgenriste, les discoureurs wokistes s’expriment souvent en partant de la bivalence sexuelle comme d’une caractéristique « contingente » de la société (en lien de dépendance supposé à l’opinion « restrictive » et « transphobe » d’une certaine culture, époque et caste au pouvoir particulièrement empreinte de l’héritage de la pensée biblico-chrétienne et de son développement ecclésiastique), de façon à la divorcer du sens et du poids ontologique que fait peser irrémédiablement sur notre conception binarisée de notre propre constitution sexuelle notre expérience même de sa nécessité biologique. Car c’est bien elle la cible désignée des mutilations dysphoriques ayant cours aujourd’hui sous couvert de « soins affirmatifs », « soins » dont l’objet premier est d’abonder dans le sens de la multiplicité imaginaire des genres – dès lors de sacrifier la vérité et la sécurité (celle des patients confirmés dans leurs aspirations mutilatrices) à la faveur de la promotion d’une maladie mentale protégée et encouragée en Occident [15], cette matrice mondialiste de la décrépitude morale.
C’est pour casser ce prétendu « carcan » biologique modalisé en termes de « nécessité » qu’un détournement des concepts et du raisonnement modal est ici mis en œuvre, plus tacitement qu’autre chose, par les militants de la construction sociale genrée (une posture existentialiste, en ce qu’elle entend s’affranchir de tout postulat essentialiste, de toute définition synonyme de contrainte, donc de nécessité). Ainsi conceptuellement « désenchaînée » et « dispensée » du déterminisme biologique par la puissance du discours wokiste, mesure productrice de nouvelles vérités contingentes entièrement existentielles, la diversité indéterminée des genres n’est dès lors plus qu’affaire de contingence culturelle. En l’absence de toute métaphysique, c’est elle qui, par défaut, fait office de réalité première et dernière d’un univers idéologique où ne règne plus que la monade modale du « possible » contingentement actualisé, selon les lois du désir de la subjectivité effrénée (poussée par la nécessité de satisfaire aux exigences de sa gratification érigée en « droit »).
L’objectif cosmopolite de cette vision du monde en joli arc-en-ciel est de faire le lit d’une société « plus inclusive » et « plus diversifiée », sur fond d’embrouille conceptuelle et de novlangue à la gloire des « changements sociaux ». Pour y parvenir, entre « nécessité » et « possibilité », un détournement d’apparence modale s’insinue progressivement, au profit de biais cognitifs et de susurrations plus ou moins implicites à la conscience collective sous l’influence subreptice de messages du genre : « Il est nécessairement vrai que la diversité des genres favorise le progrès sociétal » ; « il est probablement nécessaire, pour préserver le grand bien de la diversité, d’en finir avec l’hétéronormativité sexuelle. »
2.1.4. Faux droits : en passant par la logique déontique
La logique déontique fonctionne ordinairement dans un cadre de déclarations normatives : « telle condition devrait être remplie » ; « x est permis », etc. Dans le cadre culturel qu’induit notre nominalisme prométhéen politico-médiatique au service de la protection et de la promotion de la diversité trans-binaire des genres, elle est invoquée et mise en œuvre avec de plus en plus de flexibilité et de créativité pour rationaliser les principes éthiques, les « droits » et les « obligations » liés à « l’égalité des n genres », comme à leur « inclusion » universelle, conformément à la volonté manifeste de définir de nouvelles dimensions normatives d’attentes légitimées, de pratiques médicales et de politiques sociétales en matière de polygenrisme.
En appliquant le raisonnement déontique à la question aujourd’hui politiquement sursollicitée de la diversité des genres, les idéologues de cette confusion programmatique et les ingénieurs sociaux du droit culturaliste cherchent à élargir les dimensions éthiques, les normes sociales et le raisonnement plus universellement moral qui puissent le mieux cadrer avec les politiques, les lois et les pratiques de « l’inclusion » et de « l’égalité », si chères aux apôtres de la République multicolore (dont les accusations pavloviennes d’ « extrême droite » envers le moindre détracteur viennent malgré tout contredire le message et les leçons de tolérance).
Prenons quatre domaines de traduction de grands principes d’application (et/ou de détournement) de la logique déontique au profit de la dogmatique de la diversité des genres, de la refonte wokiste des normes culturelles, et de l’émergence des nouveaux préjugés systémiques s’appuyant sur une nouvelle forme de légalisme moralisateur « antifasciste » :
- Le domaine des obligations : la logique déontique se prêterait à l’identification des obligations morales ou sociales que les individus ou les institutions seraient tenus d’avoir envers la promotion collective et le respect de la diversité virtuellement illimitée des genres… Ça peut commencer, comme on le voit depuis déjà des années, avec l’imposition d’une célébration « universelle » des pratiques sexuelles non-hétéronormatives et l’annexion culturelle homosexualiste du mois de juin à cet effet (sans le moindre respect, évidemment, pour la signification réelle que revêt le mois de juin chez les catholiques, qui le dédient depuis la fin du XVIIIe siècle au Sacré-Cœur de Jésus [16]). On assiste encore à sa mise en œuvre dans le monde du travail, avec l’obligation qui incombe aux employeurs de procurer une « égalité d’opportunités professionnelles » et un traitement équitable aux individus de « tous les genres », non pas seulement les hommes et les femmes… Le dogmatisme genrisme est particulièrement enraciné dans le monde corporatiste occidental. Il est aujourd’hui tristement facile de se voir limogé pour « non-respect » de ce mensonge consacré dans les ministères et à travers le monde de l’entreprise.
- Le domaine des permissions : dans quelle mesure les permissions sont-elles accordées ou requises lorsque la question à soupeser porte sur la diversité des genres et de leurs expressions publiques ? Dans un premier temps, celui des permissions accordées, la mesure n’est autre que la mesure du théâtre public, on ne peut plus officiel en Occident décadent : celui de l’affirmation catégorique d’un fantasme, c’est-à-dire du fléchissement de la réalité en face de l’imposture d’un argumentum ad nauseam (plus on le répète, plus c’est « vrai »). La déontologie habilite ici les individus à « exprimer librement » leur identité de genre avec, contre, ou au-delà de leur caractérisation biologique d’origine. Dans un deuxième temps, celui des permissions requises, les lobbys et les entremetteurs s’engagent et s’enquièrent sur le terrain de la déontologie professionnelle et administrative, instrument de négociation juridique progressif. Ils obtiennent gain de cause au prix d’un exercice de pression graduelle sous forme de doléance. Les dérogations qui font progresser l’inclusion et la diversité poly-genrée en sont le fruit. Les démarches de pression occidentale vis-à-vis des pays africains faisant aujourd’hui barrage à la propagande LBGTQ-iste vont dans le sens stratégique de cet usage de la logique déontique mise au service du poly-genrisme, intrinsèquement militant.
- Le domaine des interdictions : le raisonnement déontique en faveur de l’idéologie du genre est aujourd’hui de rigueur à l’école, dans l’entreprise, dans la sphère politique, partout en Occident… En tant que tel, il est donc éminemment exploitable à des fins d’identification des actions, des comportements, des orientations et des mesures (familiales, politiques, religieuses) qui devraient être interdites en raison de leur nature « discriminatoire » ou de leur violation des « droits de l’homme trans-binaire ».
- Le domaine des conflits : la logique déontique fait ici office de récapitulation des trois domaines précédents et de moyen d’analyse de ces conflits d’obligations, de permissions ou d’interdictions qui surviennent avec l’imposition progressive de la trans-binarité des genres. Par exemple, un conflit peut aujourd’hui survenir entre le « droit » d’un individu à affirmer son identité de genre (un enfant mineur le pourra, contre ses propres parents et contre leur recours légal de s’y opposer [17]) et une interdiction imposée par quelque convention culturelle ou tradition confessionnelle que ce soit.
2.1.5. De la logique intuitionniste à la construction idéologique
La logique intuitionniste est une logique non classique développée au début du XXe siècle. Elle postule que la vérité n’est pas binaire, mais qu’elle peut être envisagée comme une grande gamme de couleurs comprenant des énoncés qui ne sont, à la fois, ni « complètement vrais » ni « complètement faux » ; mais dont la véracité peut être finalement démontrée par construction – au gré de quelque fondement subjectif suppléant à la définition objective. Une autre manière de le dire : en logique intuitionniste,
p + ¬p ≠ 1.
Nous pouvons ici dégager et souligner quelques-uns des principes et de règles principaux en logique intuitionniste :
- En logique intuitionniste, la négation d’une proposition, ¬p, sous-entend une nuance à la fois formelle et sémantique impliquée par sa nature « constructive » (dans le sens technique que donne la philosophie mathématique à la notion de « constructivisme » notamment inspirée des travaux du mathématicien néerlandais E. J. Brouwer). Par cette nuance, on va y comprendre ¬p comme la forte infirmation de p. Dès lors, pour prouver ¬p, il est nécessaire d’apporter une réfutation dite constructive de p. Ce qui signifie qu’il va falloir fournir une preuve (une construction), ou un contre-exemple, attestant que p est fausse (¬p). Dans ce cadre particulier, la double négation, ¬¬p → p, ne s’applique pas. Et le principe consistant à prouver une proposition en montrant que sa négation aboutit nécessairement à une contradiction n’est donc pas valide.
- Il s’ensuit que la reductio ad absurdum ne sera pas toujours admissible en logique intuitionniste. Celle-ci exige donc de parvenir à une preuve par construction d’une proposition plutôt qu’à une preuve par contradiction.
- Dans un cadre intuitionniste de raisonnement logique, la règle d’implication stipule que pour faire la preuve d’une implication, p → q, il faut supposer p puis dériver q. Cette règle, encore une fois, reflète la nature constructionniste de la logique intuitionniste. Son opération d’implication exige une construction explicite. En d’autres termes, pour prouver p → q, il va falloir construire une preuve de q en supposant une preuve de p. Dans sa démonstrabilité formelle, cependant, l’implication intuitionniste reste finalement similaire à l’implication pré-intuitionniste. En effet, le principe du modus ponens – stipulant que si p → q et p sont tous deux démontrables (au sens d’en pouvoir faire la preuve formelle), alors q l’est aussi – s’applique pareillement en logique intuitionniste.
- Par implication, précisément, la conjonction intuitionniste des propositions p et q, dénoté p ∧ q, est vraie si et seulement s’il existe des preuves de p et de q. Pour démontrer p ∧ q, il faut donc produire, par construction, des preuves séparées de ces deux propositions.
- De la même manière, la disjonction intuitionniste des propositions p et q, dénotée p ∨ q, est vraie si et seulement s’il existe une preuve de p ou de q. Pour démontrer p ∨ q, il faut donc apporter, par construction, une preuve de l’une ou de l’autre propositions.
- Elle conserve les quantificateurs universels, ∀ ; et existentiels, ∃. Néanmoins, les règles d’inférences relatives à la quantification diffèrent de celles de la logique classique en raison de la nature constructive de la prouvabilité intuitionniste. Les énoncés existentiels nécessitent la construction ou la démonstration à partir d’un exemple (un objet spécifique) ; tandis que les énoncés universels doivent fournir une méthode ou une preuve qui s’applique à tous les cas. Les premiers vont donc relever de la règle de généralisation existentielle, dénotée ∃I, stipulant que si une proposition P est vérifiée d’un objet spécifique φ, alors la quantification existentielle ∃xP(x) est démontrable. Il est donc nécessaire, pour se faire, 1) de prouver l’existence de φ; et 2) d’apporter une preuve de P(φ). Quant aux seconds, ils vont relever de la règle d’élimination universelle, dénotée ∀xP(x), stipulant que si une proposition P est vérifiée de tous les objets x d’un domaine donné, alors pour tout objet spécifique φ, P(φ) est dé
Cette logique diffère donc assez radicalement de la logique syllogistique classique comme de la logique symbolique propositionnelle par son double rejet caractéristique portant sur la notion limitative de définition et sur la loi du tiers-exclu (impliquée par la première). L’épistémologie qu’elle inspire et qui la met en œuvre s’intéresse davantage au processus de connaissance des choses qu’à leurs natures et à la question de la correspondance de celles-ci avec l’intellect capable d’en abstraire les quiddités propres (lesquelles président à la notion même de définition) – correspondance au demeurant fondamentale en ce qu’elle fonde le critère de vérité ou de non-vérité en présupposant une certaine adéquation du langage et du monde via la pensée.
En logique intuitionniste, une proposition n’est tenue pour « vraie » qu’à condition de pouvoir en apporter la démonstration ; et pour « fausse » qu’à condition de pouvoir apporter la preuve de sa négation. Il existe une troisième espèce de possibilité suivant laquelle un énoncé n’est ni vrai ni faux de manière démontrable. Bien qu’elle soit tout-à-fait applicable et utile en logique pure, en mathématiques et dans différents champs d’applications informatiques, l’application de la logique intuitionniste à la fluidité genrée tombe dans le constructivisme onto-fluide le plus arbitraire qui soit, celui d’une sociologie post-factuelle, au nom de l’affirmation sociale de « l’expérience vécue des personnes non-binaires ».
Sans transposition réelle, la logique intuitionniste fournit donc, malgré elle, le prétexte d’un passage du constructivisme technique d’acception purement logique au primat constructiviste sociétal par rapport à l’imposition d’une quelconque réalité, biologique ou autre : celui-là, bien sûr, n’est autre que le primat de la « fluidité » et de la « diversité non-binaire » enracinée dans l’autodéfinition des expériences vécues et « ressenties » des individus – posés comme existants désessentialisés, mais dont l’identité groupale requiert, par contraste, l’essentialisation arbitraire que nous évoquions au début de cet essai. Ici, il y a autant de « vérités » que d’individus. La transidentité se construit sur ce primat existentialiste ; mais le besoin communautariste amène l’essentialisation, arbitraire et superficielle, quoique politiquement utile (pour induire et faciliter la guerre civile généralisée, « la guerre de tous contre tous »).
En matière de wokisme sexuel contemporain, le prosélytisme trans-binaire s’inscrit donc dans une démarche assumée de transgression de l’anthropologie universelle et de ses lois fondamentales, en faisant sien une vision du monde foncièrement matérialiste. Car la matière est ce qui peut prendre toutes les formes et revêtir tous les genres que l’individu prométhéen désessentialisé voudra assumer pour exister à sa guise, sans contrainte d’un réel raciste, homophobe et transphobe.
Rappelons de nouveau que, du point de vue du constructivisme logique, en l’absence de preuve dite constructive, la « vérité » n’existe pas. Plutôt que de considérer la vérité d’un énoncé comme quelque chose qui serait simplement donné, cette forme particulière de pensée exige que la vérité d’un énoncé puisse être démontrée par une certaine forme de mise en évidence constructive, ou « preuve » constructiviste. L’application de certaines notions improprement tirées de l’intuitionnisme logique, pour servir de constructivisme idéologique sociétal sous l’égide du principe de destruction de la complémentarité des sexes (présentée comme « diversité des genres »), comporte plusieurs lignes d’argumentations douteuses et d’éléments de langage révélateurs s’inspirant de ce rapport volontariste à la vérité :
- L’identité de genre constructiviste postule l’expérience (de nature subjective) de son « émergence » et de son « appropriation » (comme si l’identité sexuelle d’un individu émergeait d’un processus de construction à la fois subjective et culturelle de formation et d’appropriation). Elle est censée prendre en compte le « fait » que les expériences individuelles se rapportant à la question du genre peuvent ne pas correspondre aux catégories binaires traditionnelles d’homme et de femme (le préjugé sous-jacent étant celui de la dénaturation existentielle de l’anthropologie). En permettant aux propositions de la théorie du genre d’être indéterminées jusqu’à ce que des « preuves » construites soient présentées à une conscience publique déjà subvertie et formatée, une forme de raisonnement intuitionniste dévoyé (par ailleurs combiné à une forme de raisonnement modal subreptice) pourra, à titre d’exemple, tenir pour admissible que l’identité de genre d’un individu n’est pas nécessairement fixe ; et qu’elle peut dès lors « fluctuer » selon différentes variantes spectrales… Bien sûr, la prémisse ontologique de substitution ici n’est autre que celle de la déconnection de l’identité sexuelle du sexe biologique. Il faut d’abord nier le réel pour le rebâtir sur les bases de l’identité de genre constructiviste.
- On peut ici faire entrer l’ « intersectionnalité », censée prendre en compte l’interaction complexe de divers facteurs, y compris les contextes sociaux, culturels et personnels des individus. Elle part donc du principe que l’identité de genre ne peut être considérée de manière isolée, mais doit être comprise en conjonction avec d’autres éléments de formation identitaire, tels que la race, l’ethnicité, la classe et la sexualité… Cette optique prétend en cela favoriser une compréhension « nuancée » de la diversité des genres et faire ressortir l’influence de différents facteurs sur le ressenti des individus (critère premier ici).
- La validation par la construction est chose répandue, bien qu’elle ait une signification tout-à-fait différente dans le cadre de la logique intuitionniste que dans celui de l’idéologie du genre. Selon la logique intuitionniste, nous l’avons rappelé plus haut, quelque chose n’est tenu pour valide et vrai que s’il existe une preuve constructive. Dans le contexte du genre, cela en vient à signifier que les identités de genre sont validées et « confirmées » lorsqu’elles peuvent être décrites et vécues par l’individu. Cela correspond exactement à la conception du genre comme production sociale fluide et diversifiée, où chaque individu serait la « preuve constructiviste » de sa propre identité de genre.
- La vérité individualisée est donc celle qui fait force de loi dans le monde de la fluidité du genre. Un raisonnement assimilable à une opération de logique intuitionniste peut être adopté, par transposition impropre (si du moins l’on respecte l’objet et la fonction de ladite logique), pour affirmer que l’identité de genre déclarée par une personne quelconque est « vraie » (et ne saurait ne pas l’être), parce qu’elle a été prouvée de manière constructive moyennant l’expérience vécue et l’autoidentification genrée de cette même personne.
- De la même manière, l’existence d’une diversité de genres est dite « prouvée » par la présence d’individus qui s’identifient à une variété d’identités de genre différentes. C’est la prétendue « preuve empirique » de la diversité que constitueraient les identités individuelles. Il y aurait ainsi, potentiellement, autant de genres que d’identités individuelles – un peu comme il y a autant de dénominations protestantes qu’il y a de prêcheurs et d’interprétations de leur bible tronquée…
- Par implication de ce que nous venons de souligner au paragraphe précédent, si le genre est quelque chose que les individus se construisent pour eux-mêmes ; et s’il y a autant de constructions potentielles qu’il y a d’individus ; il s’ensuit que le genre n’est pas une donnée discrète (caractéristique qui présupposerait et donc imposerait une limite extérieure, notamment binaire sur le plan biologique), mais plutôt une construction Cette notion de « continuité » artificielle veut faire valoir que certaines « preuves » nécessitent un processus continu. Et que la notion de genre qui en découle le fait apparaître en tant que construction fluide et évolutive, plutôt qu’en tant que donnée factuelle statique et immuable.
Conclusion : logique dévoyée et violence multiforme
Comment pourrions-nous espérer échapper au retour vengeur, violent, d’abord et avant tout de l’ordre naturel, lorsque, par orgueil démesuré (l’expression d’une arrogance délirante), on cherche à renverser la nature ? La toxicité intellectuelle et morale caractéristique de ce nominalisme post-naturel aux couleurs du wokisme militant n’a encore droit de cité qu’au nom d’une logique au nom menteur, intrinsèquement dévoyée, source de violence multiforme.
Plus nous essayons de façonner la nature à notre guise – à l’aune de nos désidératas sociétaux wokisés jusqu’à la moelle –, plus nous perdons le contact avec son équilibre et sa source méta-naturelle (véritablement surnaturelle). Ayant semé pareils hubris et confusion, nous en récoltons immanquablement le fruit délétère sous la forme d’une absence redoutable de discernement (nous n’avons jamais été ni aussi dupes ni aussi bêtes qu’en cette ère du google-isme climatiste, covidiste, antiraciste et russophobe) ; d’un aveuglement symptomatique par rapport aux conséquences de nos technologies (pharmaceutiques, énergétiques, numériques, transhumanistes) ; et d’une violence débilitante qui commence son œuvre sordide in mente hominis nominalisticus, jusqu’au point d’engendrement d’une vision totalement faussée et inversée de la réalité soumise à la logique libérale intégrale. Inversement et soumission qui définissent de concert le satanisme programmatique de notre tournant civilisationnel spirituellement eschatologique.
C’est de là que procède le profil en réalité contre-logique, existentialiste (au sens nominaliste du terme) de la violence « dé-civilisationnelle » à l’œuvre aujourd’hui sur le double plan épistémique et cognitif. Mais nos quelques réflexions sur la « diversité » de théâtre politico-pathétique au regard des logiques laissent aussi entendre que cette violence en vient nécessairement à s’extérioriser, à passer du cognitif biaisé à l’action forcenée, en passant par le langage dénaturé.
Dans l’essai portant sur l’œuvre et l’enracinement de María Zambrano que nous avons cité plus haut, Maria Poumier évoque encore le rôle du « stoïcisme, qui construit l’éthique sur la physis et non sur les prétentions du logos » [18]. Observation pertinente, s’il en est. Car c’est la primauté de la physis qui prémunit la pensée de ses prétentions malsaines à se déconnecter du réel et à se perdre, par ivresse autoréférentielle, dans les illusions wokistes de son propre logos.
Revenons aux dernières explosions émeutières survenues plusieurs jours d’affilée à travers la France. Il est certes de mise de fustiger la bêtise anti-policière et le racialisme victimaire si machiavéliquement exploité par ces élites fétides à la tête de notre pauvre pays – dénaturé en « start-up nation » par Macron et par sa bande de fines fleurs de la République dépravée. Mais non moins de jeter un anathème clair et sans appel sur ces faiseurs d’enfer qui ont tant d’affinités avec les démons qui les inspirent (et font maintenant porter le chapeau à une jeunesse que l’école de la crétinisation nationale prive aujourd’hui, à dessein, d’une éducation encore digne d’en porter le nom). Quant aux casseurs et incendiaires adolescents, ils se sont jetés sur le pillage comme un chien, après négligences et maltraitances régulières, est conditionné à attaquer férocement, par instinct de défense. Retour du réel donc en réponse, entre autres raisons, au programme euro-atlantiste de prolétarisation des peuples, qu’on continue de nous enjoindre sous prétexte, menteur (comme le savent pertinemment ses promoteurs), de « sauver la planète du réchauffement climatique », cette faribole digne de tous les sacrifices humains…
Abstraction faite des dégâts, non pour les minimiser mais pour s’efforce de penser à froid, nous avons assisté, il faut malgré tout prendre la peine de le souligner, à une insurrection contre l’obligation de devenir des loques, condition que nos « démocraties » ruinées et ruineuses veulent imposer à toute la jeunesse contemporaine, par la consommation comme drogue obligatoire, par la culture crétinisante et la publicité infantilisante, homosexuelle et transsexuelle ad nauseam ; et par toute cette tyrannie intellectuelle insupportable qui vampirise l’âme de ses victimes, au nom d’un « vivre ensemble » captieux, maastrichtien, covidien, ukrainiste, etc. (le « vivre ensemble » de l’hideuse pensée unique en prétendues « démocraties » modernes).
S’il était possible de se dresser haut et fort contre cette démolition systémique des âmes, sans justifier ni faciliter les ravages auxquels nous venons d’assister, ni faire injustement de la police la cible de toutes les haines sauvages, alors nous serions justifiés d’encourager ouvertement les ressorts d’une nouvelle « Chouannerie » – informationnelle, spirituelle, instructionnelle, française à part entière et sans concession, mais non moins « créolisée » (contre la fausse « diversité » fétichisée de l’affreux théâtre racialiste contemporain, outil de discorde calculée entre les mains de l’engeance démoniaque au pouvoir).
Du même auteur:
________________________
[1] Voir notre texte L’héritage oublié des scolastiques : pensée et désignation avant l’essor de la logique post-aristotélicienne.
[2] Les deux groupes ont tendance à être du même avis à cet égard, le relativisme constituant la position philosophique standard de l’homme contemporain, qu’il soit athée, syncrétiste ou déiste.
[3] Son application réelle prouve qu’il est voué à l’échec, puisque l’esprit qui y souscrit se contredit lui-même, en reniant le relativisme au nom même de ce dernier.
[4] Face à l’idéologie occidentale et à ses ravages par trop réels, les esprits plus honnêtes comprendront néanmoins qu’il n’est pas judicieux de tomber dans le panneau d’une mode intellectuelle portée à l’anticatholicisme de bas étage, par confusion entre le mondialisme à l’occidentale et les racines chrétiennes, hébréo-araméo-latines de l’Occident.
[5] En eux-mêmes relativement grossiers mais néanmoins efficaces.
[6] Par contraste, l’exploration – non pas tant conceptuelle que pratique – qu’affectionnent les dépravés érotomanes (férus d’explorations lubriques très vite abêtissantes et addictives), n’implique pas forcément de s’investir dans le domaine de la redéfinition activiste. Les masturbateurs et les sodomites se dénaturent certes en des pratiques particulièrement dégradantes et ordurières (que nombre de leurs adeptes savent justifier sous tel ou tel faux prétexte), mais ne cherchent pas nécessairement à militer en leur faveur pour y gagner le monde entier (ne serait-ce que parce que les effets de la honte restent malgré tout actifs dans le tréfond des âmes), dans un effort de prétendu « éveil » des consciences (au sens, encore une fois, suggéré par le mauvaise anglais « becoming woke »).
[7] On ne le voit que trop bien aujourd’hui avec les explosions de violence urbaine et d’émeutes ethniques sur fond de manipulation supra-étatique et de victimisme artificieux.
[8] Tels que la conjonction (∧), la disjonction (∨) et la négation (¬) …
[9] Des variables propositionnelles ressemblant à des distributions de probabilités.
[10] Faisant notamment intervenir l’inférence incertaine associée, en régime aléatoire de Markov, au phénomène d’entropie informationnelle (voir, sur cette notion capitale et son application à la sociologie digitalisée, notre texte Google-isme et BLM-isme – reseauinternational.net).
[11] Par la présence irréductible de processus aléatoires (tels que les chaînes de Markov).
[12] La cohérence, la complétude et la correction.
[13] Mécanique quantique, physique statistique, mécanique des milieux continus, dynamique moléculaire…
[14] Par contraste par rapport aux mésusages de certaines idées et outils propres à la logique à des fins de propagande idéologique centrée sur la fonction des éléments de langage, la pertinence de ponts épistémologiques légitimes entre différents domaines philosophiques (la logique modale, la philosophie du langage, la sémantique, l’épistémologie elle-même, la métaphysique) a été particulièrement mise en exergue dans les travaux du logicien américain Saul Kripke, récemment disparu. À la suite de Leibniz, Kripke s’est notamment intéressé à la question logique, qu’il réconcilia avec la métaphysique, des mondes possibles (rappelons que le rapport logique-métaphysique avait été torpillé au début du XXe siècle par les représentants du positivisme logique, une idéologie de l’idéal logique aujourd’hui obsolète). Il l’aborda sous l’angle formalisé de ce qu’on appelle « cadres de Kripke » et « sémantiques de Kripke », dont les déclinaisons modales s’articulent autour de l’opération de relation d’accessibilité.
[15] Sans rien dire des profits faramineux qu’elle génère.
[16] Voir notre texte Juin : de quelle « fierté » parlons-nous ? (reseauinternational.net).
[18] Le métissage dans la pensée de María Zambrano (1999), par Maria Poumier.