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 Lettre et interview de Dieudonné, en exclusivité pour RIVAROL,

reproduite avec l’aimable autorisation du directeur de la publication.

 

N°3576— DU 26 JUILLET AU 29 AOÛT 2023 — RIVAROL, p. 6-8

Nous avons déjà interrogé plusieurs fois le très talentueux humoriste Dieudonné dans RIVAROL et nous l’avons toujours soutenu publiquement dans les nombreuses persécutions qu’il a subies depuis une vingtaine d’années, notamment en nous scandalisant de l’interdiction de son spectacle Le Mur le 9 janvier 2014 par le Conseil d’Etat sur ordre de Valls (voir RIVAROL du 16 janvier 2014 dont l’éditorial avait pour titre en une « l’insupportable police juive de la pensée », ce qui a donné lieu à un procès et à une condamnation de votre serviteur). Dieudonné nous a proposé dernièrement de nous accorder à nouveau une interview, ce dont nous le remercions chaleureusement, et de publier dans nos colonnes in extenso une lettre qu’il a spécialement rédigée à l’intention des « nationalistes et patriotes français qui se sont sentis trahis par (s)a demande de pardon à la communauté juive de France ». Nous avons répondu favorablement à sa demande. Nous publions donc en intégralité sa lettre suivie de son interview. Précisons que les propos tenus par Dieudonné, tant dans sa lettre que dans son interview, n’engagent bien sûr que lui et que, si nous approuvons la plupart de ses analyses pertinentes et percutantes (sur la défense de la nation, la remigration, le regard lucide qu’il porte sur le lobby juif et une certaine haine juive, le combat nécessaire contre le lobby LGBT et ses horreurs, l’importance dans la vie du pardon mutuel des offenses, etc.), nous déplorons en revanche son abandon public de l’antisionisme, car l’entité sioniste est non seulement un facteur de guerre et d’injustice, maltraitant les Palestiniens et fomentant des guerres avec ses voisins, mais également l’épicentre de la religion de la Shoah qui nous détruit et nous asservit, tue nos défenses immunitaires, les fondements historiques, politiques et religieux de cette entité reposant de surcroît sur le mensonge.
En lisant la lettre et l’interview, chacun pourra se faire une idée par lui-même. RIVAROL est en effet un journal libre, indépendant, ouvert aux débats d’idées, à la controverse intellectuelle et aux réflexions doctrinales et stratégiques. C’est à ce titre qu’il nous paraît opportun de donner la parole à Dieudonné en toute liberté, tout en lui posant des questions franches et sans concession quant à son actuelle démarche. Nous le remercions d’avoir accepté de se livrer loyalement et courtoisement au jeu des questions et réponses.

Jérôme BOURBON.

Lettre aux nationalistes et patriotes français qui se sont sentis trahis par ma demande de pardon à la communauté juive de France

Je tenais à m’adresser à vous ici, dans les colonnes de ce journal, afin, tout d’abord, de vous remercier du soutien que vous m’avez apporté tout au long de ce laborieux chemin de croix qu’a été mon parcours artistique ces dernières années sur la scène humoristique française. Près de vingt-cinq ans d’un calvaire ininterrompu jalonné d’interdictions, de condamnations, de délits d’opinion. Vous étiez là au moment où j’en avais le plus besoin, alors que je venais d’un horizon politique très éloigné du vôtre, alors que mes amis du monde du spectacle m’avaient tourné le dos, car j’étais devenu un véritable épouvantail dans le champ culturel français.
J’ai effectivement été la cible d’un lynchage médiatique hors du commun, orchestré par les maîtres de cette impitoyable broyeuse politico-médiatique que vous connaissez bien.
Ensemble, mes amis, nous avons écrit une page d’histoire de ce pays dans notre combat pour la liberté d’expression et, quoi qu’il advienne, je tenais à vous dire que je suis très fier d’avoir fait ce chemin à vos côtés.
Moi aussi, j’aime la France. La France m’a tout donné : une famille, un merveilleux métier que j’ai aimé par-dessus tout. Je vous ai fait rire, j’ai fait rire la France.
Je suis né en France, il y a près d’une soixantaine d’années maintenant. Je suis sorti du ventre de ma mère, une femme blanche, chrétienne et bretonne. Mais mon histoire a commencé bien avant ma naissance.
Par mon nom, je suis lié à mon histoire. Je suis le maillon d’une chaîne qui remonte à des millénaires et qui trouve son origine, ses racines, en Afrique centrale, dans un endroit qu’on appelle aujourd’hui le Cameroun.
Alors certains vont me reprocher de me sentir plus camerounais que breton. Je ne renie absolument pas ma partie bretonne, qui représente 50 % de ma composante biologique, mais selon notre tradition, ma mère est devenue Ewondo en épousant mon père et pas le contraire, et leur progéniture est née Ewondo.
C’est sur cette terre Ewondo que sont enterrés les miens, et c’est là-bas que mes enfants m’enterreront, conformément à notre tradition. Le respect des traditions, d’ailleurs, n’est pas la seule chose que nous ayons en commun.
Avec l’âge et une vision politique qui s’éclaircit, je me sens de plus en plus nationaliste et patriote, tout comme vous, et je compte bien, à mon tour, apporter ma pierre à l’édifice toujours en construction de cette jeune nation camerounaise. Tout en continuant, bien évidemment, à œuvrer à vos côtés pour la survie de la France et de son identité. Car, sachez-le, dans le monde entier, la France reste un phare, un modèle qui, certes, a perdu de sa splendeur, mais n’en demeure pas moins un repère.

Ceci étant dit, venons-en à présent à la polémique, ou plutôt aux interrogations provoquées par ma demande de pardon à la communauté juive de France. Certains d’entre vous y ont vu un acte de soumission à ce qu’ils appellent le lobby juif, un lobby qui contrôlerait un grand nombre de médias mainstream. Alors soyons clairs : pour moi, dire que ce lobby n’existe pas serait un mensonge. Mais dire qu’il représente les Juifs dans leur ensemble serait un autre mensonge. Combattre ce lobby haineux et raciste, arrogant et menteur me paraît toujours tout à fait légitime. Mais, au nom de ce juste combat, stigmatiser nos compatriotes de la communauté juive m’est insupportable. Il était important de le préciser. Le piège tendu par ce lobby de la haine est toujours le même. Nous entraîner dans une réaction de légitime défense, qui va servir de prétexte aux accusations fallacieuses
d’amalgames et d’antisémitisme. Mais vous connaissez mieux que moi ce procédé. Fort de mon expérience dans ce domaine, j’ai entrepris, il y a quelques mois, de dénoncer l’imposture du chantage à l’antisémitisme. Comment ? Par la grâce du pardon. Vous le savez sûrement, je suis chrétien et le pardon est au centre de ma foi.
Je suis donc devenu le cobaye de ma propre expérience, le révélateur chimique d’une certaine haine juive. Une haine qui ne dit pas son nom, qui se cache en jouant les victimes. Et l’entreprise a parfaitement fonctionné puisqu’à ma demande de pardon, un nombre impressionnant de Juifs haineux sont sortis du bois pour manifester leur fiel, remettre en cause ma sincérité, et surtout exprimer leur mépris profond pour le pardon, censé pourtant être au centre de leur religion.
Effectivement, pour ces faux Juifs apôtres de la haine, il n’y a ni pardon, ni oubli.
Mais cette démarche sincère m’a aussi permis de rencontrer des personnes exceptionnelles à l’intérieur de cette communauté juive. Des personnes qui ont spontanément accordé leur pardon à l’infréquentable Dieudonné. Et ce faisant, se sont exposées aux foudres de cette mafia de la censure.
J’ai compris que bon nombre de Juifs français vivaient dans la terreur d’un lobby censé les représenter. Je suis devenu le porte-parole, par la force des choses, de ces Juifs de l’ombre qui n’en peuvent plus de ces associations qui créent au quotidien de l’antisémitisme en prétendant le combattre.
Ces associations ont d’ailleurs fait de l’antisémitisme un véritable fonds de commerce, un véritable business, avec des millions de subventions à la clef.
J’ai découvert des relations extrêmement tendues à l’intérieur de cette communauté que je connaissais mal. Les Juifs qui ont osé m’accorder leur pardon se sont vus traiter d’antisémites. Le plus souvent, ce sont des Juifs politiquement positionnés à droite et des Israéliens, ce qui m’amène à vous parler du sionisme et d’Israël.
Comme vous le savez, j’ai longtemps été considéré comme une figure de l’antisionisme, un pro-Palestinien convaincu. Une réputation que j’assume pleinement. Et le milieu antisioniste français m’a permis de rencontrer des personnes exceptionnelles de l’extrême gauche à l’extrême droite de l’échiquier politique. Personnellement, mon antisionisme me vient d’un anticolonialisme puissant doublé d’un antiracisme non moins viscéral. Pour moi, Israël était une création diabolique fondée sur une arnaque historique.
Et puis la vie vous réserve bien des surprises. C’est au Cameroun que j’ai découvert un Israël que je ne connaissais pas, que je n’imaginais même pas. Contrairement à ce que suggèrent certains, ce n’est pas dans le cadre du business que s’est produite cette rencontre. Non. C’est dans le cadre de la défense et de la sécurité des personnes, en l’occurrence du peuple camerounais, mon peuple. J’ai découvert le rôle important qu’occupe Israël dans la défense de la population contre les hordes djihadistes venues du Nigeria, dont la plus connue est Boko Haram. Ces djihadistes pullulent dans la région depuis la désintégration de la Libye par l’OTAN. J’invite les antisionistes sincères et honnêtes à se renseigner sur internet sur la bataille de Kolofata, une petite localité du nord du Cameroun. Là-bas, des soldats camerounais encadrés par des militaires israéliens et armés par ces derniers sont parvenus à repousser ensemble une armée terroriste de plusieurs milliers d’hommes armés jusqu’aux dents. C’est-à-dire 100 fois plus que la bande du Bataclan, avec des armes 10 fois plus puissantes (mitrailleuses lourdes, lance-roquettes). Imaginez un peu la terreur ! Sans l’aide d’Israël, combien de Camerounais seraient morts à Kolofata ? Bien sûr qu’Israël a ses intérêts dans une telle opération. Mais quelle nation agit par altruisme en Afrique ou ailleurs ?
Le sentiment de vivre sous la domination de puissances étrangères est de plus en plus partagé dans le monde. Les antisionistes français ont ce sentiment de vivre dans un pays occupé par des intérêts étrangers, en l’occurrence américano-sionistes. C’est ce qui fut à l’origine d’ailleurs du mouvement antisioniste français mais avec le temps la plupart des cadres de ce mouvement de pensée, dont j’ai fait partie, je ne m’en cache pas, sont morts en exil ou en prison, ou ils tournent en rond avec un tee-shirt sur lequel est imprimé un drapeau palestinien. L’antisionisme français est devenu une invitation au suicide social. Peut-on entraîner les jeunes générations dans ce calvaire annoncé ? Certains me rétorqueront que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. En tant que joueur d’échecs, je leur réponds que chaque partie a un début et une fin. Une fois la partie perdue, on serre la main de son adversaire et on en commence une autre… Même si l’autre, on sait qu’il a triché, la triche et le mensonge font désormais partie du jeu de ce monde et il ne sert à rien de pleurnicher.
L’acceptation de la défaite fait partie du jeu et vous permet d’avancer comme aurait pu dire le Maréchal Pétain. « Vouloir gagner et savoir perdre ». La découverte qu’Israël a protégé mon peuple et a sauvé des vies a été un choc, car en plus, ces événements m’ont été relatés directement par mon propre frère, qui est colonel dans l’armée camerounaise et qui était sur place dans la région. Alors…
Comment poursuivre un combat contre un ennemi qui protège les vôtres ?
Mon rôle, vous l’avez compris, n’est plus de prendre parti pour tel ou tel belligérant dans des guerres qui me dépassent.
Mon rôle d’humoriste aujourd’hui est d’apaiser les tensions sur le terrain qui est le mien, l’art de la dérision. À ce titre, j’aimerais mettre en scène une rencontre entre deux humoristes, l’un israélien, l’autre iranien, car j’ai gardé des liens très étroits avec ce merveilleux pays. Et c’est dans ce cadre que j’ai envisagé un voyage en Israël.
Je n’ai pas la prétention d’être un homme politique ou un intellectuel capable de théoriser sur le système idéal, mais je crois fondamentalement en une idée très simple : celle du « chacun chez soi, et Dieu pour tous ».
Nous avons tous le droit à une terre et au respect de notre identité. Et c’est à ce titre d’ailleurs que j’aimerais travailler avec vous, les nationalistes français et les hommes de bonne volonté, sur le sujet d’une remigration volontaire des Français afro-descendants pour les accompagner vers leur continent d’origine, l’Afrique.
C’est une question de survie réciproque. Les dernières émeutes nous obligent à ouvrir ce débat de manière urgente. Et je terminerai en disant : « Vive le Cameroun, vive la France, vive les nations souveraines. »

RIVAROL : Vous nous avez appris, dans une de vos Quotidiennes, que vous alliez être mis incessamment sous bracelet électronique et que vous débutiez début août un nouveau spectacle intitulé « Dieudonné sous bracelet ». Pouvez-vous nous en dire davantage ?

DIEUDONNÉ : J’ai été le premier dans mon métier d’humoriste à aborder des sujets sensibles, à être interdit par tout un gouvernement et là je vais être le premier à jouer sous bracelet électronique. C’est une situation exceptionnelle qui est très inspirante au niveau de l’écriture. Je m’amuse beaucoup.
Ce sera un spectacle très particulier car le contexte est très spécial. Être un humoriste sous surveillance, un détenu avec un numéro d’écrou, qui amuse et qui fait rire la France, c’est en effet une première. Cela correspond bien à notre époque. Je vais aborder plein de thèmes qui sont les sujets du moment et cela va être un spectacle étonnant. Je ne vais pas dire que cela fait plaisir d’être sous bracelet électronique car il y a une dimension un peu humiliante dans le fait de ne pas être libre de ses mouvements à certaines heures. Mais je pense que dans mon œuvre cela va être un moment intéressant car interdire le rire, le contrôler, c’est typique de notre époque où on ne peut plus rire. Ce qui est très regrettable car le rire est la soupape indispensable, celle qui manque aujourd’hui. Un humoriste sous bracelet électronique est à soi seul un concept de spectacle.

Dernière minute, le 11 août 2023:Le spectacle « Dieudonné sous bracelet » interdit par la préfecture de police pour antisémitisme : https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/dieudonne-sous-bracelet-la-prefecture-annule-le-spectacle-a-paris-pour-des-propos-antisemites_59957542.html

Vous parliez dans cette même Quotidienne du « bracelet électronique invisible » que portent, souvent sans s’en rendre compte, nos compatriotes…

DIEUDONNÉ : C’est cela. Il s’agit de pouvoir, par mon expérience, m’amuser à démontrer que notre peuple, le peuple français, est aussi sous bracelet invisible, et entièrement sous contrôle. On l’a vu avec le confinement qui correspond exactement à une vie sous bracelet électronique avec des heures de sortie pour aller acheter à manger et où on doit vite rentrer chez soi. C’est pourquoi le fait d’avoir un bracelet sur scène va être extrêmement intéressant. Je suis le cobaye de mes propres expériences et de ma propre inspiration.
En fait je m’adapte à la situation comme tous les Français s’adaptent mais là je vais en jouer et en rire car pour beaucoup ce n’est pas une partie de plaisir. La force de l’humoriste est là. La dérision, c’est d’essayer de contourner ces difficultés et de faire rire avec les maux et les ridicules de cette société.

Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs qui l’ignoreraient comment fonctionne concrètement un bracelet électronique ?

DIEUDONNÉ : Il y a un dispositif qui est installé chez soi. Selon la taille de la maison, il faut un ou deux relais car il y a des maisons plutôt longues, d’autres plutôt carrées, des murs plus ou moins épais. C’est le cas de ma maison : les murs sont épais. Il y aura sans doute un relais et des zones dans lesquelles je ne pourrai pas aller. En principe on ne peut pas aller dehors dans son jardin. Parfois on peut toutefois être autorisé à se rendre sur une petite terrasse extérieure. C’est une personne du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) qui installe tout cela et c’est avec elle qu’on prépare les choses en amont. Je lui ai donné mes dates de tournée. On a droit à des heures de sortie. L’idée, c’est d’exécuter sa peine chez soi.
Il existe aussi le principe de la semi-liberté. Vous avez une clé et vous rentrez le soir dans une cellule. Vous ne croisez personne. C’est l’idée de vous déplacer dans un endroit pour la nuit mais la journée vous êtes libre, et vous pouvez travailler, vaquer à vos occupations. Il y a certes quelques mesures vexatoires comme des fouilles au corps. Et puis il y a la détention proprement dite, où là vous passez dans un autre bâtiment avec d’autres détenus et où vous êtes dans une cellule fermée à clé de l’extérieur 23 heures sur 24. Il y a en général une heure de promenade dans l’enceinte de la prison.
Le régime de semi-liberté n’était pas possible pour moi car j’ai des dates de tournée. Mais même pour le bracelet électronique ce ne sera pas simple. Quand par exemple je vais jouer à Nice, il faudra rentrer très vite à domicile. Je ne sais pas exactement comme cela va se passer.

Dans une autre Quotidienne, vous évoquiez le succès fou, mondial, de votre chanson « Petit Poney ». Pouvez-vous nous en dire davantage sur le sujet ?

DIEUDONNÉ : Petit Poney, au-delà du succès, c’est un phénomène de société que je n’ai pas vu arriver. J’ai écrit cette chanson en 2006 dans un spectacle où elle venait illustrer un chanteur ringard. Je critiquais en m’amusant ces chanteurs oubliés, dépassés, ces anciennes stars et j’avais donc écrit à cette fin une petite chanson parodique. Depuis, je ne m’en étais nullement occupé. Il n’y avait aucune stratégie de développement marketing, commercial. Et de manière organique sur la Toile cela a pris de l’ampleur. Sur le réseau TikTok cette chanson a été écoutée plus d’un milliard et demi de fois ! J’ai un avocat spécialisé en droits d’auteur qui s’est chargé de mon dossier pour aller récupérer mes droits chez TikTok. Je ne suis pas membre de la SACEM. Or il y a des accords entre TikTok et la SACEM. Mais on n’est pas obligé d’en être membre. TikTok aurait dû prendre attache avec moi et trouver un accord. Cela n’a pas été le cas. Donc là l’assignation est partie. Il y a eu quelques faux départs car TikTok n’est pas responsable du contenu mais c’est TikTok Angleterre qui est signifié et qui doit se rendre devant un tribunal français pour discuter de ma situation.
Mais au-delà des droits d’auteur, je me suis aperçu qu’un peu partout, en France et dans toute la francophonie, mais aussi dans le reste du monde, il y avait des jeunes gens, surtout dans les classes primaires et jusqu’au collège, qui chantaient Petit Poney. J’ai été très étonné. J’ai découvert ce phénomène Petit Poney. J’ai discuté avec un industriel chinois qui m’a proposé de sortir de petites poupées Petit Poney. On a fait un test. Ça a été un carton car on a été en rupture de stock au bout d’une journée. On va donc relancer une série beaucoup plus importante. Des enseignes de grandes surfaces sont intéressées par la commercialisation de ces poupées. Un groupe d’hommes d’affaires s’est constitué autour de moi pour pouvoir faire la commercialisation, la distribution de ces produits. Tout cela est étonnant. Faites le test autour de vous auprès d’une population jeune et vous verrez que dans les écoles on chante Petit Poney. C’est complètement incroyable !

Et quel pied de nez pour moi à la censure, à l’image qu’on m’a attribuée puisque pour cette catégorie de Français de 7-8 ans à 12-13-14 ans, j’étais jusque-là un illustre inconnu et je suis désormais le chanteur de Petit Poney. C’est incroyable d’être reconnu pour cette chanson qui représentait quelques secondes dans un spectacle il y a dix-sept ans !
Le produit final, c’est un doudou. Dire qu’il ne restera de mon œuvre que ce petit doudou dans les bras d’un enfant qui s’endort, je trouve que c’est une fin extraordinaire. Je ne pouvais pas rêver mieux. Petit Poney est, tenez-vous bien, la chanson française la plus écoutée dans le monde en 2021 et 2022, c’est impressionnant ! D’autant que je ne suis pas chanteur à la base. C’est une chanson désuète, humoristique, sans prétention. C’est une petite ritournelle qui reste dans la tête.

Vous avez déjà écrit et joué 25 spectacles en solo depuis le début de votre carrière, preuve de votre immense créativité. Et là vous jouez en ce moment « Foutu pour foutu »…

DIEUDONNÉ : On est à la fin de la tournée de Foutu pour Foutu et je joue en plus désormais le spectacle Petit Poney. Fort de ce phénomène, on a décidé de faire un spectacle de 30 minutes pour enfants, un spectacle de marionnettes avec un petit poney, un renard, un loup, une tortue, un papillon, une libellule. Je suis très heureux à l’idée de voir des enfants rire de bon cœur.

Et puis il y a le spectacle « La cage aux fous » avec Francis Lalanne le 14 septembre au Zénith de Paris…

DIEUDONNÉ : C’est l’aboutissement de toute une période. J’espère qu’il y aura aussi de jeunes humoristes très talentueux qui vont nous accompagner. La trame du spectacle, c’est une société complètement folle dans laquelle des fous vont s’amuser de cette folie ambiante pour faire rire le public. De fait, la réalité a dépassé la fiction. Et aujourd’hui faire rire bien souvent, c’est relater une triste réalité. C’est presque un rire nerveux. Les gens s’amusent de se dire : « ah oui, c’est exactement ce que l’on vit ! » Ce spectacle est peut-être une façon de traduire ce que nous vivons mais en tout cas c’est passionnant. Cette époque est à la fois très excitante et terriblement inquiétante.

Ne craignez-vous pas de connaître au Zénith à la rentrée la même mésaventure que celles subie ce printemps au Cirque d’hiver à Paris, une salle qui vous était promise, que vous aviez réservée pour le vendredi 7 avril 2023 et finalement sous pression, sous la menace (des groupes juifs menaçaient de mettre le feu au Cirque), la famille Bouglione est revenue sur sa parole ?

DIEUDONNÉ : Le fait de pouvoir réserver le Zénith en sachant que c’est moi qui vais y jouer pour un spectacle avec Lalanne est une nouvelle étape. Va-t-il y avoir des pressions ?
Laurent Nunez, le préfet de police de Paris, a déjà pris un arrêté préfectoral pour interdire le spectacle Foutu pour Foutu dans la capitale. Va-t-il faire de même en septembre pour La Cage aux fous ? Je ne sais pas. On verra. Mes avocats sont sur le coup. On a envoyé de manière préventive le texte du spectacle. Elisabeth Borne a également été interrogée sur le sujet et elle a dit que le texte serait examiné avant qu’une décision soit prise. A sa lecture, je ne vois pas tellement ce que le préfet de police pourrait trouver à dire. Le directeur du Zénith a lu le texte. Il n’a rien trouvé à redire. Après bien sûr il peut se passer tellement de choses dans ce domaine politique qu’il faut rester prudent tout en conseillant aux gens de venir. De toute façon, quoi qu’il arrive, on jouera. Si jamais on est interdit de jouer à cet endroit, on jouera ailleurs.

Je constate à la lecture de votre lettre aux nationalistes et patriotes français que vous avez rompu avec l’antisionisme qui était pourtant jusqu’à il y a peu au cœur de votre engagement militant. Pourquoi ce changement choquant et déstabilisant pour beaucoup de vos soutiens ?

DIEUDONNÉ : Je pense avoir évolué. J’ai rompu avec l’idée de prendre parti. Je pense qu’un artiste aujourd’hui, surtout dans la période dans laquelle nous vivons, doit éviter de prendre parti. Parce que prendre parti, c’est prendre le parti de la guerre et que la guerre est là. Et je crois que j’ai la possibilité de convaincre, notamment parce que j’ai été une figure de l’antisionisme, des artistes iraniens, libanais de leur faire rencontrer des artistes israéliens. Même si je ne connais pas pour l’instant d’artistes israéliens. Je connais en revanche des artistes libanais et iraniens. Je suis dans la position assez unique de pouvoir faire rire de part et d’autre. Là où les politiques et les militaires échouent, j’espère que, par le rire, on arrivera à créer un lien. Et il ne nous appartient pas de savoir ce que peut devenir ce lien. L’antisionisme auquel j’ai adhéré très jeune me venait de mon antiracisme et de mon anticolonialisme. Et puis les choses ont évolué. Je reste évidemment solidaire du peuple palestinien victime d’un génocide par privation d’espace vital. C’est terrible de voir un peuple perdre ses terres, de le voir spolier de son territoire. Je reste solidaire de cette souffrance que je ressens. Maintenant, mon rôle dans cette société, je veux le concentrer sur l’art de la dérision. Je vais tenter de créer du lien, même si je n’y parviendrai peut-être pas, car il y a des gens dans la communauté juive qui ne voudront jamais me voir réaliser ce genre de choses, je suis plus confiant sur le côté iranien ou palestinien, parce que je crois qu’ils ont compris ma démarche. Mais si j’y arrivais, ce serait quelque chose qui viendrait parachever toute une démarche. Je ne suis pas un politique, je ne suis pas un intellectuel. Je suis un humoriste et je pense que je peux faire quelque chose, créer du lien entre tous ces gens qui s’apprêtent à s’entretuer. Je ne connaissais pas les Israéliens, je n’en avais jamais rencontré de ma vie. Et j’en ai rencontré au Cameroun, très différents de ceux que j’avais pu entendre à la télévision. Si je peux mener à bien ce projet, j’en serai vraiment heureux. Je pense que je serai plus utile là plutôt que manifester dans la rue avec une pancarte marquée Palestine.

Pensez-vous comme feu Pierre Desproges qu’on peut rire de tout, qu’on doit rire de tout ?

DIEUDONNÉ : Oui, je pense qu’on doit rire de tout mais aujourd’hui on ne peut plus rire de tout. L’humour est censuré. Je pense aux jeunes générations d’humoristes et c’est triste car ils pratiquent l’autocensure. Ils ne peuvent plus aller dans les zones d’inspiration propices à l’exercice. Ils sont obligés de se contenter de sujets dérisoires. Là où Desproges avait fait la différence à l’époque.
Chaque époque a son humoriste, son clown, son bouffon. Il y a certes aussi d’autres façons de faire rire. De Funès a fait rire sans aborder des sujets dangereux. Quoique, dans Rabbi Jacob, il ait lui aussi effleuré quelque peu le sujet du sionisme. Mais de manière assez superficielle. Dans le journalisme aussi, vous le constatez vous-même, le champ d’expression s’est considérablement restreint.

Que pensez-vous de la promotion ahurissante du LGBTisme par les pouvoirs publics, le ministère de l’Education nationale, la presse écrite, le cinéma, la télévision, la radio, etc. ?

DIEUDONNÉ : Je suis en état de sidération face à la propagande officielle autour de ces questions et la promotion des LGBTQ+. Au Cameroun ce sont des choses qui sont interdites. Ici, il y a une promotion hystérique des LGBTQ+ jusque dans les kiosques et les abris-bus. Je ne comprends pas. La France, c’est le symbole pour beaucoup de gens dans le monde, encore aujourd’hui, d’une culture, d’un raffinement. Et voir l’étalage de cette vulgarité, de cette laideur, moi qui suis artiste — Nougaro me disait : « Les artistes, nous sommes des gangsters de la beauté », — me choque profondément. En effet, je ne vois rien de beau là-dedans, rien de grand, rien de noble. Je trouve que c’est laid. Exposer cela de la sorte au regard de tous est pour moi un spectacle d’une laideur infinie. Et voir que, même dans les concours de beauté féminine, il y a désormais des transsexuels, qui vont représenter la beauté féminine, pour moi ce n’est pas beau et cela n’a aucun sens. Je pense que la beauté et la laideur s’apprécient. On ne peut pas m’obliger à penser qu’une femme à barbe, qu’une femme trans avec une moustache, est plus belle qu’une vraie femme. Je ne peux pas accepter cette “beauté”-là ! Si cette personne trans se sent belle ainsi, c’est son affaire, mais pour moi elle n’est pas belle, et j’ai le droit de le dire.
Au Cameroun c’est très simple, l’homosexualité est interdite. Ici, on vous dira que c’est la préhistoire. Mais c’est la volonté de notre peuple. Nous voulons cela. Le peuple camerounais, à 99 %, est d’accord avec cette interdiction car il trouve que deux hommes qui s’embrassent dans la rue, ce n’est pas ce dont on a envie. En revanche, ils peuvent faire ce qu’ils veulent chez eux. Mais dans la rue les Camerounais ne veulent pas voir ça. Malheureusement pour la France, si les gens de là-bas veulent faire ça, il faut qu’ils viennent en France. Au Cameroun, je le répète, l’homosexualité est interdite et pour ma part je ne suis pas favorable à ce que cela change.

Les jeunes Africains ont tout compris : ceux qui arrivent en Grèce, en Turquie, par bateau par exemple, qui passent de manière illégale, pour réussir à avoir leurs papiers, vous savez ce qu’il faut qu’ils disent ? « Je suis homosexuel et dans mon pays c’est interdit ». Ils n’en pensent pas un mot bien sûr mais c’est la seule solution pour avoir des papiers en règle.
Les présidents africains, s’ils n’ont pas évolué sur le sujet malgré la pression occidentale, c’est que leurs peuples ne veulent pas en entendre parler. Le président du Cameroun sur ce sujet est impérial. Il dit : « vous pourrez discuter de tout cela avec mon successeur une fois que je ne serai plus là. Je ne veux même pas en entendre parler. » Et c’est vraiment ce que ressent le peuple. Il y a bien sûr des homosexuels au Cameroun comme dans tous les pays mais ils se cachent. Pour certains, c’est un secret de Polichinelle mais ils l’entretiennent. C’était comme cela en France il y a encore quelques décennies. Les homosexuels étaient-ils plus malheureux à cette époque ? Je ne sais même pas. En France, dans certains milieux, ne pas être homosexuel est presque devenu gênant. Il faut presque se cacher. Au Cameroun, c’est le contraire !
Ce qui est ennuyeux pour la France, c’est que le LGBTisme est vraiment devenu le marqueur de la démocratie. C’est au nom de cette démocratie qu’on fait la guerre pour l’installer partout dans le monde. Poutine a été très clair là-dessus mais il n’est pas le seul. Le chantage à l’homophobie va peut-être remplacer le chantage à ’antisémitisme. Précisons qu’il n’y a aucune incitation à la haine envers les homosexuels au Cameroun. C’est seulement interdit. C’est la loi. On respecte la loi et c’est très bien ainsi. L’Occident essaie d’encourager les pays africains à faire des Gay Pride. A chaque fois, cela s’est très mal terminé pour ceux qui ont essayé !
Mon avis est que ce qui se passe ici n’arrivera pas en Afrique car il y a encore des gens qui sont coupés du Système. On a les Pygmées par exemple qui, pour la plupart, ne sont même pas sur des registres, qui sont monogames. On les voit ici comme des personnes sous-développées et primitives mais elles sont un repère pour toutes les personnes autour. Jamais on ne verra un Pygmée se prendre pour une femme. Cela n’existe pas. Je suis homme et je reste homme jusqu’à la fin. Je ne me pose même pas la question. En revanche, le Système en Occident pousse une certaine jeunesse à s’interroger sur son genre, à être malheureuse. De sorte qu’il y a de plus en plus de jeunes dans les centres psychiatriques. En France c’est un sujet extrêmement sensible. J’ai d’ailleurs un personnage transsexuel dans mon spectacle qui s’appelle Paprica. Un personnage qui essaie de donner des conseils aux jeunes désœuvrés, aux jeunes émeutiers en leur disant d’opérer une transition. Mais ce personnage ne sera pas complètement entendu par cette jeunesse. Car on peut reprocher tout ce qu’on veut à ces jeunes émeutiers mais s’il y a bien un sujet sur lequel ils sont restés extrêmement africains, c’est bien cette question-là. Ils ne veulent même pas en entendre parler !

Précisément, quel est votre regard sur les émeutes qui ont mis la France à feu et à sang fin juin et début juillet ?

DIEUDONNÉ : Je ne peux pas imaginer qu’il n’y a pas une volonté d’organiser une guerre civile en France. Et je pense qu’il est vraiment urgent de permettre à ces jeunes Français afro-descendants, d’origine africaine, de pouvoir réémigrer pour ceux qui le veulent avant la catastrophe. Et c’est une volonté politique. Je sais qu’il y a le roi du Maroc qui s’est prononcé sur ce sujet-là et qui a dit, au moment des émeutes, que les jeunes Marocains n’avaient rien à faire en France et qu’il fallait qu’ils rentrent au Maroc. Pareil pour les Camerounais, pour les Algériens. Le pays a besoin d’eux, l’Afrique est en train d’exploser sur le plan économique. On a des ressources illimitées. Je ne vois pas l’intérêt qu’il y a à finir sa vie entre les prisons et les quartiers. Ce n’est pas un avenir. De plus, ces jeunes ont des compétences, une culture française qui vont leur permettre d’amener un plus dans certains métiers. Il y a plein de choses à faire pour ces jeunes en Afrique : ouvrir un restaurant français, une boulangerie, exporter un savoir-faire français. Il manque en Afrique cette expertise que ces jeunes qui ont grandi en France et qui s’y sont formés peuvent apporter. Il faut donc une volonté politique de les faire partir, de leur faire quitter la France. Et c’est urgent pour tout le monde. C’est une question de survie réciproque. Et cela n’empêche pas de voyager et d’adopter par la suite des dispositions qui n’ont plus rien à voir. J’aimerais travailler à cela parce que je connais bien l’Afrique. J’ai un frère qui a tenté l’expérience de venir ici et cela a été un échec. Il ne faut surtout pas que les jeunes Africains viennent en France. Et s’ils y sont, il faut encourager la remigration  volontaire. Sinon on court au désastre. Et c’est absolument ce qu’il nous faut éviter.

 

L’avenir

Ce qui est frappant entre autres dans l’affaire de Nahel, c’est que ce jeune homme n’a jamais connu son géniteur. L’absence du père n’est-il pas devenu aussi un problème dans des familles maghrébines et pas seulement dans les familles européennes ?

DIEUDONNÉ : La figure paternelle est en effet de plus en plus piétinée, mais surtout dans le monde occidental. Aujourd’hui, en cas de divorce ou de séparation, les pères n’ont quasiment aucun droit. Ils n’existent pas. Ce sont des vaches-à-lait. Ils sont là pour payer mais ils ne sont pas reconnus. Combien de pères désespérés se retrouvent aujourd’hui à devoir kidnapper leur enfant pour pouvoir le voir et finissent en prison ? C’est terrible. En Afrique, cela n’existe pas. Il y a certes quelques villages avec un système matriarcal mais pour la grande majorité cela reste un système patriarcal. Et je ne vois là rien d’insupportable. La société française s’est, elle, féminisée. C’est désormais une forme de matriarcat. Encore que j’aie l’impression que même les mères sont en train de se faire doubler par les trans !

Peut-être qu’on est désormais jugés trop nombreux et que l’objectif est d’arrêter les naissances par ce biais des LGBTQ+. Il y a peut-être une stratégie qui nous dépasse, qui n’est pas assumée, pas expliquée, mais qui est réelle. Dans le spectacle que je suis en train d’écrire, je m’interroge précisément sur le fait de savoir si ces mouvements LGBTQ+ ne sont pas là pour réduire la population mondiale. Ou ne sont-ils pas là tout simplement pour détruire l’Europe ? C’est fort possible aussi. Il y a eu deux guerres mondiales, et là c’est une guerre d’un nouveau genre pour anéantir toute une population. Car à ce rythme-là en Europe dans trois générations il n’y a plus personne ! Ici, il n’y a pas de réaction populaire contre tout cela. Au Cameroun, c’est différent. Là-bas les gens font un maximum d’enfants. La moyenne d’âge de la population doit être à 25 ans. Et le pays est très hostile à toute cette propagande LGBT, y compris à la télévision où sont tenus régulièrement des propos extrêmement virulents contre tous ces mouvements de propagande.

En revanche, je suis très inquiet pour l’Europe. Regardez un chanteur comme Bilal. Je n’ai rien contre cette personne mais prendre un jeune garçon maghrébin, le grimer en femme et le faire chanter pour le concours de l’Eurovision pour représenter la France, c’est de nature à sérieusement énerver toute une population. J’imagine que Bilal ne peut plus entrer dans certains quartiers, qu’il doit être menacé parce que surexposé. Lui faire faire cela, c’est l’envoyer au casse-pipe. C’est un tirailleur sénégalais ! C’est terrible.

J’ai près de soixante ans et j’ai vu, j’ai connu un autre monde. Je n’avais pas l’impression alors que ça allait changer. Et si vite. J’ai envie de dire aux jeunes générations : l’ancien monde, ce n’était pas si mal !

De quand date la rupture ?

DIEUDONNÉ : Du mariage pour tous en 2013. Là c’était la fin, c’était la porte ouverte à tout. Il y eut d’ailleurs une réaction populaire contre ce mariage pour tous qui hélas a été vaincue. Notez que, dans cette marche, il y avait tout le monde, des gens de toutes origines, de tous milieux. Il n’y avait aucune incitation à la haine dans ce mouvement de réaction. Le sens de ces manifestations, c’était de dire haut et fort : ne dites pas que c’est la même chose. Car ce n’est pas la même chose.
C’est tellement l’expression de la vérité. Nous dire que c’est la même chose, c’est un mensonge. Or c’est devenu officiel. Et pourtant ils ont menti aux gens. Deux hommes ensemble et un couple formé d’un homme et d’une femme, cela n’a rien à voir, ce n’est pas la même chose. Ce que je suis en train de dire, c’est ce que disent à la télévision tous les Africains. En France on n’a même plus le droit de dire ça. Je pense que je peux même être condamné pour ce que je viens de dire.

Comment expliquez-vous qu’aux Antilles les électeurs aient voté massivement pour Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2022, alors que naguère le FN faisait là-bas des scores microscopiques ?

DIEUDONNÉ : L’électrochoc, c’est le vaccin. Ils ont été trop loin avec ça ! De plus, la responsable des vaccinations aux Antilles était une descendante des Békés, ces familles qui se sont enrichies sur le travail des esclaves. Qu’une Béké vienne vous piquer, ce n’était pas possible. Et cela n’a pas été possible. Les Antillais ont voté pour Marine Le Pen mais surtout contre Macron. On leur a dit de ne pas voter pour Le Pen. Donc ils ont voté pour Le Pen. Je me souviens d’un Jean-Marie Le Pen, seul homme politique de l’histoire à avoir abordé cette question des Békés. Je lui en avais parlé d’ailleurs. Dans un discours, il avait dit : « c’est quand même étonnant qu’en France il y ait une catégorie de gens qui détiennent tout le foncier aux Antilles grâce à une fortune faite sur l’esclavage ». Qu’il ait dit cela est extraordinaire car les Békés qui ont leurs entrées dans toutes les places de pouvoir en France et à Paris n’ont jamais été inquiétés. On parle des avoirs nazis qu’il faut aller récupérer mais quid des Békés ? On ne va pas s’attarder sur les origines des Békés mais c’est quand même extraordinaire. Dans le mémorial de l’esclavage de Pointe-à-Pitre, il y a un temple
maçonnique. On voit par qui tout cela est financé ! On nous explique que l’abolition de l’esclavage, c’est grâce à la franc-maçonnerie. C’est merveilleux ! Alors que les maçons étaient les premiers bénéficiaires de l’esclavage juste avant l’abolition ! Laquelle s’est faite parce que c’était un consensus général.

Que nous reste-t-il aujourd’hui ?

DIEUDONNÉ : Il nous reste le rire. Car le moins qu’on puisse dire, c’est que ceux qui nous dirigent ne savent pas nous faire rire. Et puis il y a un génie français. Avec les gilets jaunes j’ai ressenti quelque chose. C’est unique au monde. Je n’ai jamais vu cela nulle part, cette capacité à réagir de manière pacifique, joyeuse, bon enfant. C’était merveilleux ce moment-là. Cela été réprimé par la violence. Et la logique d’affrontement et de chaos ne s’arrête malheureusement pas.

J’ai vu que la France envoyait des avions en Ukraine. C’est très inquiétant. Je ne peux pas imaginer que de jeunes Français soient mobilisés pour aller se battre en Ukraine mais ça peut arriver. Alors là ce serait encore une autre étape. De toute façon, je pense que toutes les guerres sont des moments de folie. On vit dans un moment étonnant. Je suis vraiment au spectacle. J’écris des sketchs depuis 35 ans. Mais là j’ai l’impression que ça va trop vite. Le ressort comique est devant moi. Il me suffit de me mettre une perruque sur la tête et je peux concourir à Miss France. Même dans un sketch que j’aurais fait hier, cela m’aurait paru trop gros. Mais aujourd’hui, en jouant à fond mon personnage de transsexuel dans le spectacle, je ne vois pas pourquoi on m’interdirait. A partir du moment où je me sens belle et bien dans ma peau, pourquoi viendrait-on me dire le contraire ? Mais tout cela est fou et improbable quand on y réfléchit.

Quel est ce peuple qui ne pardonne pas?

Dans ce contexte qu’attendez-vous de votre demande de pardon à la communauté juive qui a beaucoup surpris ?

DIEUDONNÉ : Je crois que confronter les juifs à la lumière du pardon, c’est très important. C’est un peuple qui ne pardonne pas. Pour moi, ce ne peut être que le diable. Pour ma part, j’arrive à Jésus par une culture qui est très différente. Il y a d’ailleurs beaucoup de chrétiens au Cameroun et aux Antilles. Le Christ est la seule solution aujourd’hui pour que les peuples s’entendent. Il a pardonné aux hommes. Et voir ces hommes ne pas pardonner un trait d’esprit est effrayant. Quel est ce peuple qui ne pardonne pas une plaisanterie ?
Oui, j’ai bien fait mon travail. Je les ai énervés, ça, c’est certain. Je les ai vexés. J’ai heurté, j’ai choqué. J’ai fait mon travail de clown. Mais le fait qu’ils ne pardonnent pas — au moins certains d’entre eux, pas tous, attention, pas d’amalgame, car c’est au nom de cet amalgame que l’on est condamné ! — est impressionnant. Certains juifs français m’ont même dit devant les réactions hystériques de leurs coreligionnaires : « je comprends qu’on devienne antisémite ». Je leur ai répondu : « moi, je n’ai pas été jusque-là ». Mais je sais que la plupart des gens qu’on qualifie d’antisémites sont des gens bien. Ils n’ont aucune haine en eux. Ils ne font que se défendre contre une mafia arrogante, menteuse, méprisante, qui organise la censure. Et le discours que je tiens, il me semble que certains Israéliens sont prêts à l’entendre car ils sont confrontés à une autre réalité que les Juifs en France. Ils ne peuvent pas se reconnaître dans ce discours vide, creux.

On vit un moment intéressant car tout cela peut imploser de l’intérieur. Et je crois que c’est là notre seule chance. Ils sont tellement bien organisés et structurés que je ne vois pas venir quelque chose de l’extérieur pour les déstabiliser. Ils ont une telle maîtrise du vice et de la corruption qui fait que toute organisation de résistance sera vérolée, neutralisée. Regardez, ils ont réussi à atteindre l’Eglise catholique ! Ils ne peuvent pas faire mieux que cela ! Et s’agissant de l’ancien président iranien, mon ami Mahmoud Ahmadinejad, très en pointe contre le sionisme et le lobby juif, je ne suis pas persuadé qu’ils n’aient pas réussi à retourner contre lui le guide de la révolution iranienne. Il y a certes tellement de martyrs, de sang versé, de rancœur qu’il est très difficile en Iran de faire machine arrière. Toutefois, je sens que l’Iran va faire comme les autres et engager des discussions avec l’ennemi. Mais au final que peut-on faire d’autre ? C’est pourquoi, quand je nous vois ici, nous antisionistes en France, on est vraiment naïf de penser qu’on peut faire quelque chose. Avec quoi, avec qui, comment ? Il faut, je pense, aller puiser au fond de notre culture chrétienne ce qu’il y a de plus beau, le pardon, et l’exposer frontalement comme une croix. Quand j’ai brandi cette croix du pardon, j’ai vu l’hystérie, la haine. « Je te demande pardon. » « Non, non, jamais. Ni oubli ni pardon. » Quelle belle énergie ils mettent à ne pas pardonner ! Mais les plus intelligents d’entre eux disent : « Bien sûr qu’il faut lui pardonner ». C’est le cas de la droite sioniste qui n’est plus du tout sur les mêmes paradigmes. Même si la chialerie fait partie de ses mythes fondateurs, elle n’est plus là-dedans. Elle est dans le donnant-donnant et se voit comme une nation. Je constate en tout cas qu’il est possible de discuter avec ceux qui sont là-bas. Avec ceux qui sont ici, ce n’est pas possible. C’est une sorte d’aristocratie imbuvable, insupportable. Ils n’ont même plus besoin d’être polis avec les gens. S’ils peuvent vous pisser dessus, ils le feront.

Dans ma demande de pardon, ils ont pensé que j’étais dans une phase d’agonie. Ils se sont dit : c’est le moment de l’achever. C’est pourquoi la persécution a redoublé avec mon ex-femme Noémie Montagne qui est prise en mains par l’équipe de Jakubowicz. Ils se sont dit : on va mettre la gomme. Je crois avoir mis le doigt là où ça fait mal. Parce que, en Israël, ils pensent avant tout à leurs intérêts financiers et ils sont très importants en Afrique et singulièrement au Cameroun. Leur technique est d’avoir une diaspora forte qui pompe tout, qui ramène tout. La diaspora en France fait partie des gros donateurs, ou plutôt des gros pilleurs. On l’a vu avec la taxe carbone : tout l’argent qui est parti en Israël, des milliards, c’est fou ! Ces gens sont en train de découvrir actuellement, contrairement à ce qu’ils pensaient, que je ne suis pas à l’agonie. Je bouge encore. Donc ils se sont un peu trop révélés dans leur haine. C’est pourquoi la lettre que je publie dans vos colonnes va les mettre dans une situation très compliquée. Je ne suis certes ni politique ni stratège, je le fais à l’instinct. Et mon instinct me dit qu’on pourrait peut-être essayer de trouver une voie où l’on sait très bien ce que l’on pense mais où on essaye de profiter un peu de leurs divisions. C’est peut-être naïf de ma part mais je ne vois pas d’autre solution. Si on reste dans la posture de l’antisioniste, de l’antisémite, tout est bordé. On connaît déjà la fin. Il n’y a pas de sortie possible sur l’autoroute avant le péage !

Ma démarche demande une confiance en quelque chose. Le pardon est la chose qui me porte le plus et qui m’a le plus ému dans les paroles de Jésus sur la Croix : « Père, pardonne-leur ». C’est toucher à quelque chose qui dépasse la conscience humaine. Que ce peuple ne connaisse pas le pardon est pour moi son point faible, son talon d’Achille. Parce qu’on ne peut pas ne pas pardonner, ce n’est pas possible. Il y a certes des gens qui se raidissent jusqu’à leur mort et c’est terrible. Je vois mon ex-femme : qu’elle ait de la rancœur, c’est une chose. Mais qu’elle refuse d’accéder au pardon, c’est pitoyable. Car il n’est rien au monde de plus beau, de plus noble et de plus nécessaire que le pardon. Pour la vie de famille, la vie en société, dans la cité. Pardonner et demander pardon.

Propos recueillis
par Jérôme BOURBON

 

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