Meir Kahane créera, en 1968, la Ligue de défense juive. Après la victoire aux élections de Netanyahou et des kahanistes en 2022, où en sommes-nous en 2024 ?

 

Il me semble utile de présenter Meir Kahane, qui n’est plus qu’un nom dans les médias mainstream aujourd’hui.

Nous sommes dans les années 1965-66. Estelle a 22 ans, elle vit à New York, avec sa colocataire, Laura. Michael King a presque 34 ans et prétend être un reporter enquêtant sur une opération secrète du gouvernement dans un Vietnam déchiré par la guerre. Ils se sont rencontrés un soir d’été dans un bar de l’Upper East Side. Estelle est tombée amoureuse tout de suite. Il promit qu’ils se marieraient le 1er août, le jour de son anniversaire. Le 30 juillet 1966, deux jours avant son mariage, Estelle reçoit une lettre de son amant Michael. Il avoue à Estelle qu’il n’est pas celui qu’il prétend être. Il ne s’appelle pas Michael King comme il le lui avait dit. Il est marié, a des enfants et ne pouvait pas les quitter. L’histoire d’amour est terminée et il ne la recontactera plus. Il ne lui a jamais révélé sa véritable identité. Estelle apprenait que son fiancé l’avait trahie, mais elle n’avait aucune idée de ce qu’il était capable de faire.

Laura essayera de réconforter son amie Estelle, mais c’était impossible car Estelle venait également d’apprendre qu’elle était enceinte de Michael. Cette nuit-là au cours de leur errance, elle se jettera après un saut de 40m, dans l’eau glacée de l’East River depuis le pont de Queensboro reliant Manhattan au Queens. Alertés par les cris de Laura, des patrouilleurs présents agiront rapidement pour sauver la vie d’Estelle. Les New-yorkais verront sa photo, en première page du Daily News, le lendemain dimanche matin.

Cette photo est tirée de l’article : « The Woman on the Bridge-La femme sur le pont ». Il a été écrit le 12 avril 2020. Estelle Evans (le nom a été changé) est accrochée avec les deux patrouilleurs à une bouée de sauvetage. La femme souffre d’évidence terriblement. Les lecteurs ont découvert Estelle Evans, sans se douter que sa brève vie était liée à la naissance d’un sinistre mouvement politique.

Estelle s’est suicidée à cause d’une histoire d’amour construite sur des mensonges. Le vrai nom de Michael King était Meir Kahane. Elle était tombée amoureuse d’un homme qui allait devenir l’une des figures les plus controversées de l’histoire juive moderne. Elle mourra le lendemain et ne saura jamais s’il l’aimait ou s’il se servait d’elle. Il était d’ailleurs connu pour utiliser les autres à ses fins personnelles.

À l’époque où il entretenait une liaison avec Estelle, Meir Kahane, rabbin orthodoxe né à Brooklyn et basé dans le Queens, travaillait à la fondation de la Ligue de défense juive (LDJ) qui verra le jour en 1968. Ses ennemis sont les Soviétiques, qui s’opposent à l’immigration des Juifs russes et les Palestiniens, qui font obstacle à la solution d’un État exclusivement juif. Kahane, avec des pages entières de publicité dans le New York Times, voit un moyen de se faire mieux connaître avec la LDJ. Il créera alors des fondations caritatives exonérées d’impôts. L’une d’entre elles, constituée en août 1967, six mois avant l’existence officielle de la LDJ, portera le nom d’Estelle Donna Evans. Elle n’était en fait qu’un cheval de Troie pour collecter des fonds pour la Ligue de défense juive.

Michael King n’était plus, il avait abandonné son pseudonyme et son ancienne vie d’agent secret raté pour se consacrer à sa vie de rabbin orthodoxe et de père de famille. Sa ferveur raciste pour Israël se renforcera après la guerre des Six Jours en 1967, tout comme son sentiment qu’il avait d’un grand rôle à jouer. Il prononce alors des discours qui font salle comble dans les synagogues juives orthodoxes et de riches donateurs le subventionnent. Le slogan « Plus jamais ça » devient sa phrase fétiche. Un article du Brooklyn Daily du 10 janvier 1969 indique que le Fonds « donnera aux Israéliens l’argent dont ils ont désespérément besoin sans le stigmate de la charité ». Un prospectus non daté de la Fondation Estelle Donna Evans est plus direct :

« Dans tout le pays d’Israël, il y a des enfants qui ont besoin d’aide. Certains sont orphelins, d’autres viennent de foyers brisés… Tous ces enfants ont besoin de deux choses. L’une est de l’argent pour améliorer leur vie et celle de leur famille. L’autre est l’amour et la certitude que d’autres se soucient d’eux ».

Lorsque Michael Kaufman, journaliste au NYT, interviewa Kahane en janvier 1971, le rabbin affirma que le fonds avait déboursé plus de 200 000 dollars, mais il n’y avait aucune preuve que l’argent soit allé à des orphelins israéliens pauvres. Robert I. Friedman, auteur du livre : « The False Prophet » – Rabbi Meir Kahane, passé d’informateur du FBI à membre de la Knesset (publié quelques mois avant l’assassinat de Kahane en 1990 par un islamiste égyptien, El Sayyed Nosair, à l’hôtel Marriott de Manhattan) expliquera dans ce livre : « Qu’en réalité, Kahane utilisait l’argent pour aider à financer la LDJ ». Cela signifiait deux choses différentes : financer l’achat de fournitures pour les attentats à la bombe et engraisser son propre portefeuille, en dépensant sans compter pour ses propres voyages.

Kahane donnera à Kaufman des prospectus, dont l’un était une publicité pour la Fondation Estelle Donna Evans. Lorsque Kaufman a interrogé Kahane sur le nom de sa fondation, le rabbin affirme qu’elle avait été son ancienne secrétaire dans son entreprise de conseil qui avait échoué, qu’elle était décédée d’un cancer en phase terminale et que sa famille « aisée » avait doté la fondation.

Kaufman et Richard Severo, un autre journaliste du Times, ont senti que quelque chose clochait à propos de la fondation et ont entrepris de prouver leurs soupçons quant à son caractère frauduleux. Ce faisant, ils ont mis au jour l’hypocrisie de Kahane : promouvoir l’ethnonationalisme et prêcher contre les mariages mixtes tout en dissimulant sa liaison avec une femme non juive. « Nous aurions pu changer l’histoire d’Israël », déclarera Severo près de vingt ans plus tard. Je me demande combien de ses partisans orthodoxes auraient continué à le suivre s’ils avaient su que cet homme était un charlatan.

Fin 1971, après avoir été condamné à cinq ans de prison avec sursis pour un attentat à la bombe, Kahane trouve les États-Unis de plus en plus inhospitaliers et s’installe définitivement en Israël. Il reviendra aux États-Unis pour des conférences ou des débats avec des personnalités telles qu’Alan Dershowitz. Il cédera le contrôle quotidien de la LDJ et il concentrera ses efforts sur le Kach, le parti politique israélien qu’il a fondé. Après son élection à la Knesset en 1988, le parlement israélien adoptera une loi qui interdira le Kach en tant que groupe haineux pour ses demandes insistantes que les Palestiniens soient expulsés « d’un territoire n’appartenant qu’aux Juifs ».

La philosophie de Kahane a influencé la pensée moderne en Israël plus que les gens ne veulent l’admettre. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui se tourne alors de plus en plus vers la droite dure, avec sa conviction bien ancrée que les Juifs n’ont pas d’avenir en dehors d’Israël et que des pays comme l’Iran peuvent être comparés aux nazis, reprend bon nombre des points de vue les plus incendiaires de Kahane. On peut dire qu’aujourd’hui, en 2023, c’est devenu la norme parmi les membres de sa coalition. L’extrémiste religieux Baruch Goldstein, qui a tué 29 fidèles musulmans au Caveau des Patriarches en 1994, était proche de Kahane.

Auparavant, il y avait déjà eu les actes de violence commis par la LDJ, dont certains avaient été mortels, notamment l’attentat à la bombe de 1972 qui avait tué Iris Kones, une femme juive de 27 ans, et blessé 13 personnes, puis l’attentat à la bombe postale de 1985 qui tua l’activiste palestinien-américain Alex Odeh.

Lorsque Kahane sera assassiné en 1990,  des milliers de personnes envahiront les rues lors de ses funérailles à Brooklyn. Un livret distribué lors d’une commémoration publique contenait des souvenirs élogieux, même de la part de ceux qui ne supportaient pas son idéologie mais trouvaient qu’il était un homme chaleureux et aimant (sic).

Le suicide d’Estelle n’a jamais été un secret, même si le New York Times étouffera l’affaire en 1966. Mais ce n’était pas non plus un sujet de discussion ou de débat. La ferveur ultranationaliste anti-arabe qui caractérisait la philosophie de Kahane trouvait un écho suffisamment large auprès de sources de financement importantes pour que l’on puisse ignorer l’hypocrisie personnelle. Quelle importance pouvait avoir une petite amie jeune, belle et morte, d’origine italo-américaine ? Après tout, « les shiksas, c’est pour s’entraîner » (shiksa, est un terme très péjoratif, qui désigne en yiddish une jeune fille goy fiancée ou mariée à un homme juif).

Tout en prêchant une morale juive orthodoxe stricte, Kahane continuera sa vie dissolue. Dans un article détaillé : 0n apprend, par exemple, qu’après que Renee Brown une secrétaire de Kahane, se soit plainte auprès de ses amis de la LDJ que Kahane l’avait plaquée pour une autre femme, le rabbin la renverra et engagera Geri Alperin, une Manhattanaise séduisante de vingt-neuf ans, qui était membre de la LDJ. Alperin sera chassée de la ville par les partisans incrédules de Kahane qui l’évinceront de son poste.

La femme de Kahane refusera de divorcer pour « le bien de leurs enfants« . Près de vingt ans après son assassinat, Libby Kahane écrira une biographie du rabbin controversé. Son amour et admiration toujours aussi forts, elle reste convaincue que son mari a été mal jugé.

La vénération de Meir Kahane devrait être un avertissement pour nous tous. Ce n’est pas le cas, on peut voir dans cet article des disciples de Kahane venant, fréquemment, prier sur sa tombe au cimetière de Givat Shaul à Jérusalem.

Un petit-fils de Meir Kahane, Meir Ettinger, sera arrêté en 2015 sur accusations de crimes. Meir Ettinger, activiste et extrémiste israélien était connu comme dirigeant de « Hilltop Youth », un groupe au nom bucolique : « Les Jeunes des Collines », qui poursuivent activement aujourd’hui l’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie. Ils mènent des attaques punitives contre des villages palestiniens et ciblent des sites musulmans et chrétiens. Les services de sécurité israéliens avaient alors arrêté ce chef de file juif extrémiste, après l’incendie criminel qui avait coûté la vie à trois personnes en Cisjordanie occupée. On lira l’article : Les proches d’Ahmed Dawabsheh, du village de Douma en Cisjordanie occupée. Ahmed est le nom du jeune Palestinien seul survivant dont la mère, le père et le frère d’un an et demi ont été brûlés vifs par ces colons juifs illégaux en juillet 2015. Ces proches décrivent l’escalade de la violence des colons juifs en Cisjordanie occupée comme le fait de « vivre dans un cercle de feu ».

Le Times of Israel (TOI) dans un article du 25 Février 2019, un journal proche des milieux sionistes religieux, rapportait benoîtement que la fusion politique de l’extrême-droite négociée par Netanyahou faisait face à une vive opposition, car elle pourrait faire entrer les kahanistes au gouvernement dans une coalition. Le Premier ministre actuel du Likoud, Benjamin Netanyahou, usera de son influence pour que les successeurs idéologiques de Kahane puissent se présenter à la Knesset. Craignant que la droite israélienne ne perde le pouvoir, Netanyahou orchestrera une fusion entre HaBayit HaYehudi – un parti national religieux – et Otzma Yehudit (Pouvoir juif), un groupe d’extrême-droite dirigé par les disciples de Meir Kahane. Cette alliance augmentera les chances du parti uni de remporter suffisamment de votes pour siéger au Parlement israélien. Le TOI rappelle que Meir Kahane, leader de la Ligue de défense juive, (LDJ) appelait à l’expulsion des Arabes d’Israël, et sa formation le Kach avait de lourds antécédents en termes de harcèlement des Arabes israéliens. L’homme, au cours de sa vie, aura été condamné à des peines de prison aussi bien aux États-Unis qu’en Israël. Il sera seul élu du Kach à la Knesset en 1984.

 

Aux USA, le groupe de Kahane avait manifesté avec violence son soutien des Juifs soviétiques, notamment en faisant exploser des missions diplomatiques soviétiques à New York. Après avoir été emprisonné en Amérique pour avoir violé sa probation après la fabrication d’une bombe artisanale, Kahane était parti en Israël, où il avait été incarcéré pour avoir enfreint une ordonnance qui lui interdisait de se rendre à Hébron (…) En 1988, Kahane avait été suspendu de la Knesset pour avoir insulté un membre arabe et brandi un nœud coulant à son encontre. La même année, alors que le parti de Kahane se préparait à remporter plus de 10 sièges lors des élections, il lui avait été interdit de se présenter en raison de son programme raciste. Deux ans plus tard, la Cour suprême israélienne avait interdit aux formations qui lui avaient succédé de concourir à un scrutin. Mais aujourd’hui, ces mouvements dirigés par les disciples de Kahane, sont-ils les mêmes ? La commission centrale électorale israélienne a dit non – qu’ils pouvaient effectivement se présenter, et en 2012, elle rejettera une plainte qui réclamait l’interdiction d’Otzma Yehudit.

Chris Hedges, un journaliste qui a quitté le NYT déclarera : lorsque les extrémistes juifs, les sionistes fanatiques, les fanatiques religieux (…) de l’État d’apartheid d’Israël disent qu’ils veulent effacer Gaza de la surface de la terre, il faut les croire. J’ai fait un reportage sur l’extrémiste Meir Kahane, dont le parti Kach a été interdit en 1994. J’ai assisté à des rassemblements politiques organisés par Benjamin Netanyahou, qui recevait des fonds somptueux de la part d’Américains de droite, lorsqu’il s’est présenté contre Yitzhak Rabin, qui négociait lui un accord de paix avec les Palestiniens. Les partisans de Netanyahou scanderont « Mort à Rabin » et brûleront son effigie vêtue d’un uniforme nazi, Netanyahou défilera devant un simulacre de son enterrement. Le Premier ministre Yitzhak Rabin sera assassiné en novembre 1995 par Ygal Amir, un admirateur de Meir Kahane. Sa veuve Lehea Rabin, rendra Netanyahou et ses partisans responsables du meurtre de son mari.

Les conséquences de la légalisation des « dérives kahanistes » en ce début de 2024

 

Fin décembre 2023, l’Afrique du Sud sera le 1er pays à déclarer qu’Israël est coupable de violations générées et systématiques des droits de l’homme et portera l’affaire devant la Cour Internationale de Justice (CIJ). Rappelons quelques déclarations des responsables du gouvernement israélien qui me semblent particulièrement significatives :

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou évoquant la guerre à Gaza évoquera, lors d’un discours le 28 octobre 2023, l’injonction biblique faite au peuple juif : « Il faut vous souvenir de ce qu’Amalek vous a fait« . Le Roi Saül avait reçu alors le commandement d’anéantir toutes les femmes, tous les enfants et tous les hommes du peuple Amalécite lors de la conquête de la terre que leur avait promise leur dieu guerrier à la sortie d’Égypte.

Les intentions génocidaires sont présentes aussi dans les propos tenus par le ministre de la Défense, Yoav Gallant décrivant les Palestiniens comme « des animaux humains ». Le 9 octobre il ajoutera : « Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ». « Gaza ne redeviendra pas ce qu’elle était avant. Nous allons tout éliminer. Si cela ne prend pas un jour, cela prendra une semaine. Cela prendra des semaines, voire des mois, mais nous en détruirons les moindres recoins ».

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir déclarera que tous ceux qui avaient soutenu et célébré les atrocités du 7 octobre devaient également être les cibles de l’opération militaire israélienne à Gaza.

Avi Dichter, ministre israélien de l’Agriculture, déclarera : « Nous sommes en train de réaliser la Nakba de Gaza », en référence au nettoyage ethnique des Palestiniens en 1948 pour créer l’État d’Israël.

« Maintenant, nous avons tous un objectif commun : effacer la bande de Gaza de la surface de la terre », a proclamé Nissim Vaturi, vice-président de la Knesset et membre de la commission des affaires étrangères et de la sécurité.

Le Président israélien Isaac Herzog dira le 12 octobre : « C’est toute une nation qui est responsable. Cette rhétorique selon laquelle les civils ne sont pas au courant et ne sont pas impliqués n’est pas vraie. Ce n’est absolument pas vrai (…) nous nous battrons jusqu’à ce que nous brisions leur colonne vertébrale. »

Le 19 novembre 2023, le général de division de l’armée israélienne Giora Eiland déclarera : « Qui sont les femmes « pauvres » de Gaza ? Ce sont toutes des mères, des sœurs ou des épouses d’assassins du Hamas« .

 

            Les Nations unies ont averti que la bande de Gaza était devenue inhabitable en raison des bombardements et du blocus israéliens. L’armée israélienne a depuis coupé l’accès de Gaza à la nourriture, à l’eau, au carburant et aux fournitures médicales, ainsi que, par intermittence, à l’internet et à l’électricité. La moitié des habitations de Gaza ont été détruites ou endommagées, et 30 des 35 hôpitaux de Gaza sont hors service.

            Il y a environ 50 000 femmes enceintes à Gaza, toutes confrontées à des conditions épouvantables. Les femmes qui accouchent n’ont pas accès aux soins obstétriques, les médicaments font cruellement défaut, un « nombre sans cesse croissant » de bébés meurent de causes évitables, les risques de fausse couche et de décès maternel sont élevés, et les bombardements d’hôpitaux par l’armée israélienne ont entraîné en novembre la mort et des maladies graves de bébés prématurés dans l’unité de soins intensifs néonatals.

 

Les conséquence de cette dérive kahaniste ont une cause : l’absence de compassion et d’empathie d’un peuple colonisateur et sociopathe, se présentant toujours et partout en victime, dans un monde qui a changé depuis sa sortie d’Égypte il y a 35 siècles.

 

Plus de 340 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, par l’armée israélienne ou des colons, ces trois derniers mois, sans aucune inculpation. Pendant le même intervalle de temps, il y a eu plus de 24 000 morts à Gaza. L’indifférence israélienne et l’absence de compassion sont une réalité, les sondages donnant près de 90 % d’israéliens favorables aux opérations de Tsahal, l’armée la plus morale du monde. La colonie juive de Kyriat Arba près de Hébron est le fief du nouveau ministre d’extrême droite de la sécurité, Itamar Ben Gvir, chantre de la colonisation en Cisjordanie. Quelques titres, ci-dessous, d’articles récents du journal israélien Haaretz sont significatifs et caractéristiques d’un comportement alexithymique :

– Les Israéliens ne comprennent pas comment ils pourraient être accusés de génocide

– Un demi-million de Gazaouis souffrent de faim aiguë. Laissez-vous convaincre

– Israël a tué des milliers d’enfants à Gaza. Comment tant d’Israéliens peuvent-ils rester indifférents ?

– Comment pouvons-nous attendre des autres qu’ils aient de l’empathie pour nous alors que nous n’en avons pas pour les Palestiniens ?

 

Simone Weil, la philosophe morte à Londres en 1943 avait fait une distinction d’une actualité brûlante, entre le terrorisme d’État, bénéficiant de toute la puissance politique, médiatique, judiciaire, administrative, militaire, policière et financière et celui d’individus irresponsables :

 

« Un meurtre commis par le gouvernement… est cent fois pire, ou plutôt infiniment pire, que cent meurtres commis par des individus irresponsables », cité par Simone Pétrement : « La vie de Simone Weil » Fayard 1973 p. 662.

16 janvier  2024

 

 

 

 

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