KEITH WOODS • 13 MAI 2024

Lundi 6 mai dernier, les Irlandais se sont rassemblés à Dublin pour protester contre la politique d’immigration du gouvernement. C’était le deuxième lundi férié consécutif où un événement comme celui-ci se produisait, mais la foule n’avait jamais été aussi plus nombreuse jusqu’à présent, atteignant plusieurs milliers de personnes. Keith Woods

Il y a beaucoup de choses très impressionnantes dans le mouvement anti-immigration en Irlande. Cet événement a été organisé sans leadership central et promu principalement par des influenceurs nationalistes des médias sociaux. La foule était d’âges variés, avec de nombreuses familles et personnes âgées, un spectacle rarement vu lors des manifestations anti-immigration en Europe.

Une autre force majeure du populisme naissant irlandais réside dans le large consensus sur ce qu’est le nationalisme irlandais. En raison de l’histoire unique de l’Irlande, nos nationalistes ne s’enlisent pas dans des attachements sentimentaux envers des empires mourants et leurs conceptions civiques de l’identité empruntées aux administrateurs impériaux. L’idée selon laquelle nous devrions brandir un argument historique pour faire valoir notre cause, ou nous identifier aux mouvements nationalistes historiques d’autres pays, est évidemment ridicule. Tout le monde dans cette foule sait ce qu’est un Irlandais, adhère à la tradition nationaliste révolutionnaire de l’Irlande et est prêt à affirmer que « l’Irlande appartient aux Irlandais ».

Bien sûr, cela n’empêche pas les luttes intestines et les divisions entre partis, et étant donné la force de ce « nouveau-nationalisme », il est en fait remarquable de voir combien de factions et de partis distincts existent au sein de la scène populiste, mais cela reflète davantage un désaccord stratégique (et beaucoup d’égos impliqués) que des différences idéologiques fondamentales.

La montée du mouvement populiste en Irlande est d’autant plus impressionnante que, jusqu’à une date récente, l’Irlande disposait d’un consensus pro-immigration très confortable. Les journalistes et les hommes politiques du régime étaient fiers de l’absence de mouvements « d’extrême droite » en Irlande. Les libéraux irlandais prenaient plaisir à se moquer du Brexit et de Donald Trump et à se féliciter mutuellement du fait que nous seuls montrions que l’expérience multiculturelle pouvait réussir si seulement tout le monde se débarrassait de son sectarisme.

C’en est fini : la nouvelle façon de montrer son statut de bon agent de l’Irlande officielle est de parler sur un ton solennel de « la menace croissante de l’extrême droite », de saluer pensivement les « experts en extrémisme » qui expliquent comment les médias sociaux alimentent cette menace, et faire des allusions aux « préoccupations légitimes » que l’extrême droite exploite, sans jamais vraiment nommer ni aborder ces préoccupations légitimes.

Cela devient très embarrassant pour l’establishment libéral irlandais qu’un mouvement populiste comme celui-ci puisse surgir, malgré l’absence de soutien institutionnel, de médias sympathisants ou de soutien financier important. C’est encore plus embarrassant pour la gauche, qui s’accroche désormais à des théories du complot de plus en plus élaborées selon lesquelles ce sont des forces britanniques obscures qui tirent les ficelles de l’extrême droite.

L’alternative – selon laquelle la classe ouvrière ne s’intéresse pas à leur message par ce qu’elle a construit sa propre « extrême droite », parce que sa principale préoccupation est l’immigration de remplacement – ​​est impensable.

Le consensus post-violences de 1998

On pourrait pardonner à l’Irlande officielle de faire preuve de complaisance. La période allant de l’accord du Vendredi saint en 1998 à la crise du COVID et à la guerre en Ukraine a été le moment unipolaire officiel de l’Irlande : le grand consensus post-violences sanglantes.

Le conflit sectaire qui divisait l’île depuis la partition a été résolu d’une manière satisfaisante pour toutes les parties, puisque 94 % de la République a effectivement voté pour l’accord lors d’un référendum. Dans le même temps, les politiques économiques libérales de l’Irlande officielle sont devenues un succès retentissant, donnant naissance au « Tigre celtique ».

L’économie irlandaise a non seulement perdu son statut de retardataire en Europe, mais avec ses taux de croissance spectaculaires, elle est jalousée dans le monde entier. Les divisions gauche/droite sur l’économie ne pesaient plus guère, face à l’immense richesse générée par ces politiques – à la fois des allègements fiscaux généreux et des augmentations massives des dépenses publiques, et ceux qui se plaignaient de l’incapacité de l’Irlande à suivre plus systématiquement une voie socialiste ou au contraire celle du libre échange passaient pour des grincheux.

Évolution du PNB de l’Irlande en comparaison avec celui du Royaume Uni, 1820-2020

L’Irlande a bénéficié d’un consensus de longue date parmi les partis élus, qui étaient tous d’accord sur la voie de libéralisation économique suivie par l’Irlande depuis les années 1970. L’avenir de l’Irlande serait celui d’une économie de haute technologie et de compétences étroitement intégrée à l’Union européenne. Même le parti travailliste et les groupes trotskystes marginaux du Dáil Éireann considéraient l’impôt sur les sociétés de 12,5 % – essentiel pour attirer les sociétés multinationales en Irlande – comme sacro-saint. L’adoption rapide du social-libéralisme par l’Irlande et un récit commun sur la « vieille Irlande » – antérieure aux années 1990 – où les Irlandais souffraient sous une orthodoxie catholique oppressive étaient également au cœur de ce consensus.

Les années 2000 et 2010 ont été riches en rituels publics d’autoflagellation au cours desquels nous remettions en question notre passé et les pires abus de l’ancien régime – les Couvents de la Madeleine, les abus sexuels sur les enfants dans l’Église, l’IRA, le climat de corruption politique au sein du parti  Fianna Fáil -historiquement dominant- étaient des sujets régulièrement débattus. Cette situation s’est accélérée après un krach économique désastreux en 2008, où l’optimisme du Tigre celtique a cédé la place à une colère et à un cynisme généralisés à l’égard de l’ensemble de l’establishment.

Il y a eu une certaine réaction populiste lors des élections de 2011, mais celle-ci était pour l’essentiel non idéologique, ce qui est typique de la politique irlandaise. Alors que le parti au pouvoir, le Fianna Fáil, subissait la pire défaite de son histoire, les principaux bénéficiaires ont été les partis qui avaient eux-mêmes soutenu les mêmes excès économiques de la période du Tigre celtique, ainsi qu’un large contingent de candidats indépendants non idéologiques ou de gauche. Dans la mesure où il y avait une opposition populiste au cours de cette période, elle s’inscrivait dans la lignée du populisme économique de gauche du début des années 2010, avec une énergie et un style similaires à ceux d’Occupy Wall Street, de Syriza en Grèce ou de Podemos en Espagne. Mais l’extrême gauche n’a jamais été suffisamment prise au sérieux en tant que véritable alternative, se réduisant à quelques voix bruyantes d’opposition.

Lorsque le bateau économique s’est stabilisé après des années d’austérité douloureuse, cela a semblé être un retour aux politiques de consensus prévisibles d’autrefois. Après les élections de 2020, le Fianna Fáil et le Fine Gael sont entrés dans un gouvernement de coalition pour la première fois de l’histoire. Cela était extrêmement significatif, car leur division aux origines de la guerre civile avait défini la politique pendant un siècle dans la République. S’il y avait eu une distinction idéologique historique entre les partis, elle aurait été totalement dissoute en 2020.

Il fut un temps où le Fianna Fáil était « le parti républicain », plus étroitement associé au nationalisme irlandais, au protectionnisme et au populisme économique, tandis que le Fine Gael était plutôt considéré comme un parti libéral traditionnel de centre-droit. Avec le grand consensus, ces distinctions sont devenues dénuées de sens. Après le Vendredi Saint, nous avons laissé derrière nous la question du Nord et toute démagogie sur l’identité des véritables héritiers de la tradition nationaliste. Après le succès de l’intégration européenne et du libéralisme économique, le protectionnisme et le nationalisme développementiste ont été laissés de côté.

L’unipartisme idéologique s’était désormais regroupé (aux côtés du Parti Vert) en un seul grand parti unique au pouvoir. La faction d’opposition dominante qui a émergé de cette période était le Sinn Féin, qui, tout en embrassant pleinement le consensus libéral, a défié le gouvernement avec un programme économiquement plus populiste. Le Sinn Féin est devenu le plus grand parti du pays. Leur montée en popularité semblait inexorable et le parti semblait en passe de diriger un gouvernement, jusqu’à l’émergence d’un populisme anti-immigration ces dernières années.

Comment cela a pu arriver? Comment un pays bénéficiant du plus grand soutien populaire à l’adhésion à l’UE, sans parti populaire de droite et avec un fort consensus au sein de l’élite et des médias aurait-il pu servir de terrain au développement d’un mouvement populaire anti-immigration ?

D’une certaine manière, le succès du régime libéral irlandais a causé sa perte.

J’ai déjà cité le livre How Democracies Die [Comment meurent les démocraties] de 2019 dans lequel les politologues Steven Levitsky et Daniel Ziblatt identifiaient un parti de centre-droit fort comme étant crucial pour le maintien de la démocratie. Bien entendu, Levitsky et Ziblatt partagent l’idée libérale de la démocratie en tant que pluralisme institutionnalisé et « valeurs démocratiques ». Ce qu’ils analysent donc en réalité est la manière d’étouffer la montée du populisme, d’où leur identification de Trump et Orban comme des menaces pour la démocratie. Ils soutiennent que la principale raison de la montée d’Hitler était le manque de force de cohésion au centre-droit dans les années 1930 :

Avant les années 1940, l’Allemagne n’avait jamais eu de parti conservateur à la fois bien organisé et couronné de succès électoral, d’une part, et modéré et démocratique, de l’autre. Le conservatisme allemand était perpétuellement ravagé par les divisions internes et la faiblesse organisationnelle. En particulier, le fossé très marqué entre protestants conservateurs et catholiques a créé un vide politique au centre-droit que les forces extrémistes et autoritaires ont pu exploiter. Cette dynamique a atteint son paroxysme lors de la marche d’Hitler vers le pouvoir.

Remédiant à ce défaut, les partis conservateurs comme la CDU allemande sont devenus un pilier des démocraties européennes d’après-guerre. Le cas de l’Irlande est ici tout à fait unique. Alors que la plupart des démocraties européennes ont un grand parti de centre-droit et un autre de centre-gauche qui échangent le pouvoir, la scission bipartite de l’Irlande s’est faite selon des lignes tribales historiques plutôt que selon une distinction idéologique. Le Fine Gael et le Fianna Fáil représentaient les deux côtés de la tragique guerre civile irlandaise, et l’attachement tribal à l’un ou l’autre camp a duré bien au-delà du conflit lui-même. Il y a également une grande part de politique centré sur les personnalités en jeu, dans la mesure où les Irlandais ont tendance à voter pour les candidats parlementaires sur la base de ce qu’ils peuvent « faire » pour leur circonscription pendant leur mandat.

Mais comme l’Irlande était un pays socialement très conservateur et qu’il n’y avait pas de force politique de gauche majeure, les deux partis ont joué le genre de rôle que les partis conservateurs traditionnels de centre-droit ont joué dans le reste de l’Europe. Cependant, depuis les années 2000, au milieu du grand consensus, les partis ont abandonné toute trace de conservatisme social et de nationalisme pour devenir des partis libéraux banals.

Tous les partis ont soutenu le référendum sur le mariage homosexuel en 2015, qui a été adopté avec 62 % des voix, et aucun ne s’est opposé à l’amendement de 2018 à la constitution visant à introduire l’avortement en Irlande, qui n’a été rejeté que par 33 % des voix. Mais cela a laissé environ un tiers de la population irlandaise qui croyait toujours au mariage traditionnel et était fortement pro-vie sans aucune représentation.

Il est probable qu’un nombre similaire de citoyens, voire supérieur, s’opposait également aux politiques gouvernementales d’immigration de masse, mais l’Irlande officielle n’y voyait pas vraiment un problème. Les médias étaient suffisamment adultes pour s’entendre afin de protéger les « valeurs démocratiques », pour geler ces mauvaises opinions. Les hommes politiques eux aussi ont été suffisamment responsables pour ne pas jouer avec les forces dangereuses du populisme. Avec des milliards de dollars par an destinés au complexe pléthorique d’ONG irlandaises, les derniers résistants du passé arriéré de l’Irlande finiraient par mourir ou seraient socialement contraints à se conformer.

Le manque de représentation des désenchantés dans la nouvelle Irlande a accumulé un tas de bois sec, mais l’Irlande officielle était convaincue de pouvoir lui refuser l’oxygène. Après la crise du COVID, il y a eu une convergence de facteurs dont les étincelles ont allumé le feu qui menace désormais de faire exploser le grand consensus irlandais.

L’implosion

Le gouvernement irlandais a suivi une voie particulièrement draconienne face au COVID. À l’été 2021, un rapport de l’Université d’Oxford a qualifié le confinement irlandais de plus strict de l’UE et de « l’un des confinements les plus sévères au monde face au coronavirus ». Pourtant, aucun parti politique ou publication populaire n’a osé s’opposer à la « sagesse » de cette voie, qui impliquait d’enfermer les gens dans un rayon de déplacement de 5 km strictement appliqué par les points de contrôle de la Garda.

Comme partout en Occident, la COVID a contribué à la mnée d’une sorte de sentiment populiste (ou du moins antigouvernemental), mais celui-ci était désorganisé, non dirigé et souvent enclin à tomber dans des théories du complot erronées ou discréditantes. Lorsque les confinements ont pris fin et que le pays a rouvert ses portes, les événements ont ramené l’attention sur l’immigration.

L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 a été le cygne noir qui a provoqué une crise des réfugiés et commencé à submerger la gestion gouvernementale du système migratoire. En décembre 2022, l’Irlande avait accueilli plus de 67 000 réfugiés ukrainiens. En 2023, le taux d’Ukrainiens arrivés en Irlande était 10 fois supérieur à la moyenne de l’UE, la moitié d’entre eux citant un logement fourni par l’État comme raison pour laquelle ils avaient choisi l’Irlande.

Dans le même temps, l’afflux de demandeurs d’asile en provenance de pays extra-européens a commencé à augmenter considérablement, la politique laxiste du gouvernement en matière d’expulsions et les généreuses allocations accordées aux demandeurs d’asile en faisant une cible attrayante pour les trafiquants d’êtres humains et les immigrants illégaux.

2022 a également été l’année du meurtre tragique d’Ashling Murphy, une enseignante du primaire massacrée en plein jour par un immigrant tzigane rom de Slovaquie qui vivait de l’aide sociale. À peine trois mois plus tard, les cadavres gravement mutilés de deux homosexuels ont été retrouvés dans leur propre domicile à Sligo, l’un d’entre eux ayant été décapité. L’agresseur était cette fois un immigrant irakien de 23 ans.

En raison du nombre de victimes et de la nature particulièrement brutale de ces meurtres, ils ont été très médiatisés et discutés. Les médias ont tenté de rejeter la responsabilité de ces meurtres sur la culture irlandaise de misogynie ou d’homophobie, mais une grande partie du public était désormais frustrée par le silence des médias sur la question de l’immigration.

En novembre de la même année, le sentiment populiste naissant a trouvé un point central avec le début d’un vaste mouvement populaire dans la communauté ouvrière d’East Wall, dans le centre-ville de Dublin, où d’anciens bureaux de la communauté ont été transformés en logements de style militaire pour des centaines de migrants masculins. Les habitants d’East Wall ont organisé un certain nombre de manifestations réussies, notamment le blocage du tunnel du port de Dublin.

Cela a non seulement placé la question de l’immigration au premier plan du débat politique, mais a également encouragé la propagation de mouvements de protestation similaires dans d’autres régions du pays accueillant des centres de migrants. Un an plus tard, lorsqu’un migrant algérien a poignardé trois jeunes enfants et un soignant devant une école de Dublin, le mécontentement qui s’était accumulé pendant des années s’est répandu dans les rues au cours d’une nuit de protestation et d’émeutes. C’est également à ce moment-là que le champion  en arts martiaux Conor McGregor a commencé à exprimer son soutien et à condamner haut et fort le gouvernement irlandais en matière de politique d’immigration.

L’esprit populiste montant semble avoir enfin trouvé son expression électorale avec le rejet du référendum gouvernemental en mars. Le gouvernement avait proposé d’amender la constitution, en supprimant les termes prétendument dépassés sur l’obligation de l’État de « s’efforcer de garantir que les mères ne soient pas obligées par nécessité économique de s’engager dans un travail au détriment de leurs devoirs à la maison » par un langage non genré à propos de « relations durables ».

Bien que tous les grands partis aient soutenu ce changement, il a fini par être perçu de diverses manières comme relevant du wokisme, un élément du programme libéral du gouvernement servant de à détourner l’attention des problèmes plus urgents et, potentiellement, d’un changement qui faciliterait une « migration en chaîne » vers l’Irlande. Quelles que soient les raisons de l’opposition à l’amendement, elles étaient toutes de nature populiste. Et bien que l’amendement ait été largement soutenu par une population qui avait voté un « oui » retentissant aux référendums sur le mariage gay et l’avortement, ce référendum a été largement rejeté. Plus de 67 % de l’électorat a voté non, seule la circonscription libérale et très aisée de Dún Laoghaire soutenant l’un des deux amendements proposés.

Craignant apparemment le pire après ce résultat, certains parlementaires de la majorité ont commencé à faire marche arrière sur « l’agenda woke », et beaucoup ont maintenant renoncé et commencé à exprimer des critiques à l’égard de la loi irlandaise controversée sur le discours de haine, qui était en voie d’adoption par voie législative sans opposition. Or soudainement, la question s’est retrouvée au cœur du débat public l’année dernière – déclenchée en partie par l’attention internationale suscitée par la réponse d’Elon Musk sur les aspects les plus controversés du projet de loi contre la haine en ligne, et également par une campagne populaire énergique de rejet – et cela a révélé qu’il était profondément impopulaire.

À la grande honte de nos élites, l’Irlande avait tardé à adopter le libéralisme. Et ils ont compensé en faisant semblant de l’adopter avec tout l’empressement et l’enthousiasme dont ils pouvaient faire preuve. Mais ils ont commis une erreur en ne faisant pas bouillir la grenouille au ralenti. S’ils avaient juste maîtrisé l’immigration illégale et maîtrisé les chiffres, la réaction négative à l’immigration légale de masse serait probablement restée gérable. Non seulement ils n’ont pas réussi à lutter contre l’explosion du nombre d’immigrés illégaux, mais au cours de l’année la plus récente, ils ont f ait augmenter la population de 3 % grâce à l’immigration légale, important 141 600 personnes supplémentaires.

Aujourd’hui, alors que l’Irlande se dirige vers les élections locales et européennes de juin prochain, la question de l’immigration domine la politique. Selon un récent sondage , 41 % des Irlandais considèrent désormais l’immigration comme la principale question politique, soit une hausse de 15 % en un mois seulement. 54 % des sondés classent le logement comme leur principal sujet de préoccupation, un problème évidemment fortement impacté par l’immigration de masse. Plus d’un tiers des Irlandais déclarent qu’ils envisageraient de voter pour un parti explicitement anti-immigration. Les candidats politiques font état d’une inquiétude généralisée dans leurs échanges avec les électeurs concernant l’immigration. Il semble qu’il y ait enfin un espace pour une percée nationale-populiste dans la politique irlandaise.

Est-ce que cela arrivera ? Ces élections sont une grande inconnue. Dans le passé, l’électorat irlandais a commencé à se sentir dupé, avec un penchant pour le populisme et une agitation croissante, ce qui ne s’est pas traduit par une percée électorale. Les raisons pour cela sont multiples. La politique est encore ici une affaire de classe moyenne : les quartiers ouvriers de Dublin semblent les plus mûrs pour les candidats anti-immigration, mais ils ont également des taux d’inscription sur les listes électorales parmi les plus bas. Les régions les plus libérales et les plus riches ont les taux d’inscription les plus élevés, car ce sont celles qui participent à la politique électorale.

Il existe également une grande part de tribalisme et de politique centrée sur les personnalités encore courante en Irlande, ce qui rend les électeurs plus réticents à prêter leur vote à de nouveaux partis et à des candidats étrangers. J’ai récemment interrogé des agriculteurs et des électeurs ruraux à Athenry, dans le comté de Galway. S’ils avaient été interrogés question par question, je suis convaincu qu’ils auraient proposé un programme semblable à celui du Parti national, et ils considéraient tous l’immigration comme une question urgente. Un accord largement répandu, mais lorsqu’il s’agissait de savoir comment ils voteraient, beaucoup se sont engagés en faveur d’un candidat indépendant dont ils ignoraient qu’il avait une position effrayante en matière d’immigration, mais qu’ils considéraient comme un représentant digne de confiance pour diverses autres raisons.

Plus frustrant encore est le fait que dans les sondages sur l’immigration, les partisans du Sinn Féin affichent systématiquement des taux d’opposition à l’immigration de masse parmi les plus élevés, apparemment déconnectés de son leadership de gauche et partisan de l’ouverture des frontières. Il se peut que de nombreuses années supplémentaires de trahison sur cette question obligent un jour les électeurs à soutenir un changement radical, mais ces élections devraient néanmoins constituer une modeste percée électorale qui contribuera grandement à légitimer le populisme anti-immigration en tant que force sérieuse en Irlande, avec des mandats concrets.

Quel que soit le sort de chaque parti, et nombreux sont ceux qui tentent aujourd’hui de saisir l’opportunité de représenter le vote nationaliste, les forces populistes irlandaises se retrouvent extrêmement consolidées ces dernières années : l’attraction qu’exercent les groupes sur Telegram et WhatsApp pour diffuser rapidement des informations et pour organiser des manifestations ; la domination du Twitter politique irlandais par les influenceurs nationalistes, évidente dans la domination persistante de hashtags comme #IrelandisFull et leur capacité à organiser de grandes manifestations comme celle dont nous avons été témoins récemment ; la montée en puissance des « journalistes citoyens » comme Philip Dwyer qui donnent aux gens un aperçu direct des problèmes causés par la crise de l’immigration ; l’émergence de médias en ligne indépendants comme Gript et Burkean, qui ont comblé le vide laissé par les médias grand public ; et l’alignement ferme des « youngfellas » de Dublin – des jeunes hommes de la classe ouvrière des quartiers défavorisés à l’origine d’une grande partie de la désobéissance civile – avec le mouvement nationaliste.

Tous ces facteurs ont contribué à faire du mouvement anti-immigration irlandais l’un des plus efficaces d’Europe, même sans représentants élus. Et ici, il n’existe pas de faux parti libéral de centre-droit capable d’engloutir les votes nationalistes avec une rhétorique de diversion axée uniquement sur l’immigration illégale ou d’autres questions secondaires. Si la force de l’establishment libéral irlandais a résidé pendant des années dans sa politique fondée sur le consensus et sur l’absence d’une force populiste de droite, cette cohésion s’est retournée contre lui.

Ceux qui se trouvent à l’extérieur ont été contraints de s’adapter et de constituer leur propre force à partir de zéro. C’est une force qui ne peut plus être ignorée ou écartée en marge de « l’extrême droite », et comme le gouvernement ne montre aucune tendance à vouloir céder sur ses politiques accélérationnistes pour une migration de remplacement, c’est une force destinée à émerger comme la seule capable de défier la vision de l’Irlande officielle, celle qui signifierait la mort définitive de la nation irlandaise.

https://www.unz.com/article/the-end-of-irelands-great-consensus/

Sur l’auteur: Le podcasteur Colin Robertson et d’autres personnes d’extrême droite saluent Keith Woods comme « l’étoile montante » de 2023, certains parlant de « l’année de Keith Woods » en raison de sa popularité et de son influence croissantes.
Woods a plus de 150000 abonnés sur Twitter/X après avoir rejoint Elon Musk et a été retweeté par Musk et la star de l’UFC Conor McGregor, ce qui lui a donné une visibilité significative.

 

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