Entretien avec Pedro Varela, à l’occasion de son quatrième procès, en cours depuis huit ans, à Barcelone.
- Pedro Varela, vous êtes un personnage légendaire dans le monde hispanique, en tant que dissident (éditeur et libraire) poursuivi par les tribunaux, alors que vous rêviez d’être pilote de chasse. Racontez-nous cette trajectoire originale.
Je viens d’une famille germanophile. Mon grand-père, qui s’appelait Geiss, était catholique et monarchiste, c’était un industriel dans le textile. Les anarchistes pendant la guerre civile espagnole, faisaient des rafles de gens qui allaient à la messe, de chefs d’entreprises, des monarchistes, avec une voiture noire redoutée, et les faisaient disparaître. Il habitait Terrassa, sur la route où on les emmenait pour les fusiller. Il avait eu de la chance : celui qui conduisait la voiture de la bande de « Pedro y sus chiquillos » était un gitan à qui il donnait de l’argent quand il lui en demandait, et il aidait aussi sa femme; ce gitan donc avait décrété : « celui-là, on n’y touche pas », et il l’a sauvé. C’est ma mère qui nous racontait tout ça. Moi j’étais passionné d’aviation, et en particulier des pilotes allemands ; je connaissais leurs livres, je leur avais posé des questions. Ils étaient jeunes, idéalistes, ils se battaient pour leur patrie, ce n’étaient pas des criminels, et, avec leurs commentaires militaires et techniques, ils répandaient des idées très impressionnantes pour les jeunes. Mais celui qui a eu une influence décisive, pour moi, c’est un Colombien, qui travaillait avec mon père en tant qu’ingénieur chimiste. Il était capitaine dans la marine de son pays, il était d’origine basque, et lors d’un dîner avec mes parents, il avait posé la question :
Est-ce que quelqu’un sait combien de juifs Hitler a tué ?
Ça n’intéressait personne, on est passés à autre chose. C’est plus tard qu’il m’a raconté l’histoire des perdants de la guerre, il venait souvent à la maison. Curieusement, lui qui s’était battu avec la marine alliée contre les Allemands, il connaissait bien l’histoire des vaincus ; en même temps, nous étions catholiques comme lui, et Marcos Ariza Rodríguez était un grand marianiste, un spécialiste des apparitions mariales. Enfin, La Vanguardia de Barcelone a publié une lettre du fils de Rudolf Hess, vers 1973, qui demandait aux lecteurs espagnols d’intervenir, pour raisons humanitaires, afin d’obtenir la libération de celui qui était le dernier prisonnier du Spandau. Ma mère avait signé l’appel, moi aussi, nous ne savions pas que c’était l’organisation CEDADE, qui était derrière cet appel, diffusé dans toute l’Europe. En Espagne, beaucoup d’intellectuels et d’hommes politiques avaient signé. Quatrième élément, ma famille, qui habitait à Huelva, est revenue à Barcelone, et là, je faisais une prépa pour entrer à l’académie San Javier de Murcia ; ça se passait justement dans la rue Sénèque, où se trouvait le siège de la CEDADE. Ils m’avaient déjà envoyé de la documentation. Un jour, j’ai osé frapper, on m’a ouvert et… je n’en suis pas encore ressorti! C’est devenu le siège de ma librairie, qui s’appelle Europa, jusqu’à aujourd’hui. Dans ce milieu, je retrouvais tout ce que j’avais appris dans ma famille et qui me faisait rêver : on ne buvait pas, on ne fumait pas, mon père était un grand sportif, il faisait des courses à motos, de l’aviron, il était gymnaste, et ma mère aussi nous élevait de façon très saine ; je suis donc tombé sur des gens qui recommandaient de faire de la montagne, d’aller écouter des concerts de musique classique, et à être irréprochable. C’était mon idéal, comparable à celui des jeunesses allemandes formées pour devenir une nouvelle aristocratie, une élite appelée à prendre les rênes du pays plus tard. Il s’agissait de nous arracher aux boîtes de nuits, de nous rapprocher de la culture et de la nature. Je n’ai pas changé d’idéal depuis lors.
- Comme je viens d’un autre horizon politique et religieux, je me permets de vous signaler que ce n’est pas seulement dans ces milieux là qu’on apprend à aimer le classique, la discipline, l’abnégation, l’excellence, la nature et le sport… Les communistes cultivaient les mêmes valeurs, c’est frappant dans les réalisations esthétiques, cette proximité avec les nazis. Quand avez-vous décidé de devenir libraire et éditeur ?
Quand CEDADE a été dissoute, en 1993 (j’ai été président de 1978 jusqu’à la fin) nous avions déjà réfléchi à la nécessité d’ouvrir un centre de diffusion culturelle où le public pourrait avoir accès à des textes, des livres alternatifs, en matière de politique sociale et de relations internationales, sous un autre angle. Je voulais l’appeler Libraire Historia, mais finalement c’est devenu la libraire Europa. La dissolution de notre cercle culturel ayant été prononcée, je me suis spécialisé dans la librairie. Nous achetions des presses d’occasion, j’apprenais le métier sur le tas.
- C’est la belle histoire des typos révolutionnaires du XIX° siècle qui recommençait…
Et mes problèmes avec la justice ont commencé aussitôt ! L’inauguration avait été approuvée par les autorités municipales, en présence de la police municipale, on avait fermé la rue pour nous, mais très vite, un organe antifasciste, SOS racisme -des gens domestiqués, qui vivent du système, qui reçoivent des subventions à condition de détecter des « haineux »- s’est déchaîné. Ils se sont mis à manifester devant la devanture, leur chef s’appelait Pere Camps, et à que j’ai entendu dire par la suite, il aurait été pris la main dans la caisse, mais je n’en sais rien, en tout cas il avait entrepris une campagne pour faire débaptiser la rue Séneca, et la faire renommer rue Anne Franck, cette pauvre gamine hollandaise, d’origine juive, qui était morte du typhus dans le camp de concentration de Bergen-Belsen.
Or Sénèque, c’est le penseur le plus important de l’Espagne romaine. Pour une raison mystérieuse, cette organisation imaginait que s’ils parvenaient à faire changer le nom de notre rue, ce serait la fin de notre librairie. De fait, ils m’ont fait une publicité exceptionnelle, en faisant découvrir à beaucoup de gens la polémique autour de cette histoire, et en leur faisant découvrir que les débats révisionnistes se passaient autour de notre librairie. Ils étaient tellement sûrs de leur victoire, que la rue a effectivement changé de nom. Mais la loi exige qu’avant de modifier un nom de rue, on consulte les riverains (230 familles environ). Ils ont répondu qu’ils n’avaient rien à voir avec cette fillette nordique, alors que Sénèque appartient aux grands hommes de notre histoire, et la rue porte donc les deux noms.
A partir de là, en 1996, un certain Santiago Vidal, avocat et médiocre, avait été nommé juge et de mèche avec le procureur Mena, de Barcelone, communiste et très anti-franquiste, il a décidé de mener une campagne contre nous. Nous avons été jugés en 1998, le parquet réclamait quatre ans d’emprisonnement contre moi, et j’ai été condamné à cinq ! Nous avons fait appel au niveau provincial, et des années plus tard, cette cour a demandé que soit examinée l’inconstitutionnalité de la sentence, ce qui transmis au niveau national, a débouché sur la déclaration d’inconstitutionnalité de toute poursuite pour contestation d’un fait historique.
- Mais vous aviez déjà fait deux ans de prison, en attendant…
Et nous avons aussi participé à des salons du livre dans toute l’Espagne, pendant 14 ans, sans causer le moindre trouble à l’ordre public. en Espagne, on peut nier l’Holodomor des Ukrainiens, ou la responsabilité de Staline dans le goulag, qui fit tellement de morts, ou le génocide des Palestiniens. La Cour internationale des Droits de l’Homme de Strasbourg a condamné l’État espagnol à nous verser une indemnité. Mais la partie adverse a alors modifié ses chefs d’accusation, et affirmé que nous faisions, hum, de l’apologie de l’Holocauste. Jamais nous n’avons pu obtenir une liste de livres interdits à la vente, bref…
- L’Espagne a toujours été l’incubateur du surréalisme et de la grandiloquence. Et vous avez aussi eu des démêlés avec la justice autrichienne ?
L’Autriche a une loi, imposée par les quatre puissances victorieuses, dont l’article 3 G interdit toute tentative de reconstitution du parti national socialiste d’avant la guerre, et qui condamne toute personne qui parlerait en bien d’Hitler, que ce soit pour le réseau autoroutier qu’il avait mis en place, ou pour les usines Volkswagen conçues pour donner aux familles modestes un véhicule bon marché, ou parce qu’il était végétarien. J’ai été invité à faire une conférence par le professeur Ludwig. On me posait des questions sur ce qui intéressait un jeune Espagnol, de cette époque révolue. Un an plus tard, j’y retourne, mais la police, qui m’avait repéré, m’attendait, et m’a arrêté. J’ai été détenu cinq mois, d’abord à Klagenfurt, puis à Vienne, puis à la prison de Steyr, près de la ville où j’avais prononcé mon discours. C’est un jury qui a rendu le verdict : sur neuf jurés, cinq ont voté en ma faveur, plaidant mon ignorance, en tant que jeune homme étranger, de la loi en question, et quatre m’ont déclaré coupable. Et j’ai été relâché.
- Ce qui me frappe, dans votre histoire, c’est que vos ennemis commettent constamment des erreurs, et ne parviennent nullement à imposer leur point de vue.
Heureusement, oui, mais c’est par la persécution médiatique qu’ils s’imposent. Par exemple, dans ce dernier procès, cela fait huit ans que je ne peux pas exercer mon métier, je dois aller pointer deux fois par mois, on m’a confisqué mon passeport, on m’a bloqué mes comptes, on m’a confisqué des dizaines de milliers de volumes ; l’argent liquide qu’ils avaient trouvé a été saisi au prétexte que cela finançait mon activité délictueuse, comme s’il s’agissait de trafic de drogue. C’est ce qu’ils visent, en fait : nous faire rentrer dans la catégorie des nzrco trafiquants. Mais ce n’est pas facile, en Europe, de faire accepter l’idée de faire interdire des livres, alors qu’on légalise la drogue, il faut les moyens d’une répression lourde. Et ils m’ont cassé les WC, comme si j’allais cacher Mein Kampf dans le réservoir de la chasse d’eau…. Inénarrable. On m’a aussi défoncé sept portes en bois massif, chez moi. Autrement dit, on nous punit bien avant que nous ne soyons condamnés. Socialement, je suis un pestiféré. Je suis un criminel qui est dans le journal. En le traitant de haineux, ils prétendent faire plier le dissident. Mais dans mon cas, ils n’ont pas encore réussi…
- Et maintenant, de quoi vous accuse-t-on ?
Dans la mesure où ils ont été obligés par le tribunal constitutionnel à modifier le chef d’inculpation de contestation de l’Holocauste, et cela ratifié à Strasbourg, les ingénieurs juridiques ont concocté une astuce pour ne pas risquer une nouvelle déconfiture. Ils ont décidé de faire ajouter au code pénal qui pénalise l’incitation à la haine une locution adverbiale : c’est un truc américain, le « hate speech », et il faut maintenant y ajouter « de façon indirecte » ; c’est anti-juridique, mais avec la technique du saucisson, débité en tranches très fines, on arrive à habituer les gens à céder. On n’est plus dans le cas d’un délit de haine débouchant sur des attaques à la propriété ou contre des personnes. Donc si aujourd’hui un professeur recommande en cours à ses élèves d’aller voir Le marchand de Venise, de Shakespeare, ou de le lire dans le texte, il est bel et bien en train de promouvoir indirectement la haine, car cette pièce en particulier, si elle datait de notre époque, serait considérée antisémite. Telle que la loi est rédigée, la répression peut s’abattre sur n’importe qui : pour un discours, pour un livre, pour quelques mots, un détail, à leur guise. Par exemple, jamais une personne qui aurait acheté un volume d’Israël Shamir, un auteur israélien que nous avons publié, ce que l’on nous reproche nommément, n’a commis de délit, d’agression ou de crime, en l’invoquant. Oui mais…. « indirectement »….
Ou encore, si quelqu’un achète un livre d’Alexander Jacob, un philosophe hindouiste et natif de Madras, spécialiste de la mythologie de la plus haute Antiquité, dont nous avons publié la somme Nobilitas, un lecteur donc de M. Jacob, pourrait déduire de chapitres sur l’Antiquité grecque et romaine, la Renaissance ou le romantisme, qu’il faut haïr des gens, les juifs. Mais si vous lisez les grands classiques du théâtre espagnol, tel Calderón de la Barca, à l’époque, il y avait une hostilité générale envers les juifs. Celui qui vend un livre de cette époque, est déjà en train de promouvoir la haine indirecte ; cela sans tenir le moindre compte du contexte historique différent. C’est terrible, parce que d’un trait de plume, ils éliminent toute la culture occidentale ! Le livre serait l’arme du crime, mais… où est le cadavre, où est l’assassin ?
- De quand date le délit de haine (sic), en Espagne ? C’est une invention contre les sentiments, même pas contre les idées ou les connaissances…
C’est dans le Code pénal depuis 2015, article 510. D’abord, la haine, c’est quelque chose de constitutif chez l’être humain, comme l’amour. On peut détester quelqu’un sans pour autant l’assommer à coups de dictionnaire sur le crâne, la haine c’est humain. Cette idée d’un faire un délit, ça vient des États-Unis. Le lobby juif fait la promotion depuis très longtemps du « hate crime » et du « hate speech ». Pour démolir toute personne qui dénonce des délits, des crimes, qui, dans certains cas individuels, concerneraient certaines personnes qui, dans le secteur bancaire, à Hollywood ou dans les instances politiques pro-israéliennes, pourraient commettre des crimes. Pour que personne, aucun journaliste, politicien, chercheur, historien ne puisse les dénoncer, ils ont inventé ce délit criminel, pour pouvoir poursuivre dans tous les pays quelqu’un qui parle ouvertement par exemple des crimes de Netanyahou à Gaza. On va vous dire : ce type-là est en train de promouvoir la haine contre les juifs, alors qu’en fait cette personne fait un travail d’information sur un génocide en cours. L’outil est parfait, il a réussi à faire taire des gens qui sont contre le système, mais la ficelle s’use, ça ne marche plus si bien.
- Pedro, de toute évidence, votre exemple donne du courage à des tas de gens pour combattre l’absurdité, qui ne peut s’installer qu’avec une répression qui s’en donne les moyens. Mais le règne du Père Ubu peut s’écrouler, un de vos témoins, le militaire marocain Ahmed Rahmi, dit que les empires s’effondrent toujours de l’intérieur… Quelle peine risquez-vous, au terme de ce procès qui dure depuis 2016 ?
Ils ont requis 12 ans de réclusion contre moi, et 8 pour chacune de mes deux vendeuses de l’époque, des braves filles venues d’ailleurs pour gagner leur vie.
- En France on a un outil juridique assez semblable à celui que vous mentionnez, mais les peines encourues ne vont pas jusqu’à la prison. Comment qualifieriez-vous la maladie mentale dans laquelle nous baignons, dans votre pays, et qui affecte tous les Européens ?
Les Européens ont subi un endoctrinement mental depuis la fin de seconde Guerre mondiale, dans lequel les valeurs ont été éliminées progressivement, pour être remplacées par un américanisme destructeur. Pas de raison d’avoir de l’antipathie pour les Américains, qui sont des gens nobles, droits, mais le système qui les contrôle, que nous appelons l’américanisme, les déracine, comme il déracine les Européens, les dépossède de leur tradition, de leur culture. Voyez ce qui se passe avec l’Eurovision : c’est un festival qui n’a plus rien d’européen, ancré dans la tradition musicale européenne ; autrefois, c’était le peuple qui composait les chansons populaires, et un Mozart ou un Beethoven en tirait la substance pour une partition savante, qui devenait populaire à son tour; maintenant elles nous sont imposées, du sommet de la pyramide; cela recouvre l’Europe, c’est la même musique, très appauvrie en mélodies et en paroles, et on voudrait que ce soit un modèle pour toute la jeunesse, à l’opposé de tout modèle héroïque, en art, en politique, dans la sphère militaire. Je crois que gauche et droite ensemble, tous ceux qui identifient de la même façon l’Europe chrétienne et occidentale, doivent trouver la solution. Que quelqu’un ait fait partie du KGB, comme Poutine, ou soit de gauche, comme Israël Shamir, ou soit hindou, comme le professeur Jacob, ou qu’il ait été au Kuklux Klan, comme David Duke, puis représentant de la Louisiane pour le parti républicain, ce qui compte, pour moi, c’est ses valeurs, sa critique du système, et ce qu’il propose pour sortir de l’impasse actuelle ; il faut les gens d’en haut et ceux d’en bas. Et ceux qui collaborent à des génocides en ce moment ne nous intéressent pas. Quelle que soit son affiliation politique ou idéologique, celui qui défend le génocide à Gaza ne peut pas servir la vérité ; la diplomatie est nécessaire, elle relève de la vertu de prudence, mais celui qui défend la vérité, d’où qu’il vienne, quel que soit son passé, je suis avec lui.
- Vous avez produit des témoins, à ce procès, qui sont de fortes personnalités, je pense à cet infirmier tunisien, Abdallah Melaouhi, qui s’est avéré être le dernier protecteur de Rudolf Hess avant son assassinat, alors qu’il avait été choisi justement parce qu’on supposait qu’il ne risquerait pas de sympathiser avec lui, et qui a écrit un livre de témoignage capital. Quels sont les témoins de vos adversaires ?
Leurs témoins sont des agents de l’instruction préliminaire, des policiers à peu près illettrés mandatés par le procureur de la haine, une structure politique conçue pour parvenir à faire fermer la librairie Europa. Elle a été attaquée sans répit : agressions et incendies nocturnes, pavés dans les vitrines, jets d’œufs et de peinture sur les livres. Des membres de groupes antifascistes combattifs, comme ils le disent eux-mêmes, qui mobilisaient les habitants contre notre modeste librairie, qui était à peine plus qu’un kiosque de quartier. Je n’ai jamais été d’accord pour interdire de parole un maoïste ou qui que ce soit. Les idées, il faut les combattre avec des idées, mais comme ils n’avaient pas d’arguments pour discuter, ils choisissaient de saccager. Ils venaient la nuit pour mettre le feu aux livres. Quand ils ont été représentés au Conseil municipal de la ville de Barcelone, ils ont eu accès au Parquet, et en ont profité pour mettre sous séquestre 20 700 volumes, rien que pour l’année 1996 ; en 2006, 12 000 de plus, puis encore 6 000, et dernièrement, 5 000, des livres qu’on ne reverra jamais, pilonnés. Ils s’imaginent qu’ils viennent à bout de l’ennemi, avec ça, et l’ennemi, c’est moi qui le personnifie, je les gêne comme un furoncle mal placé, alors que mon idée c’était seulement de proposer aux gens, au public, des lectures, des traductions d’auteurs originaux, d’un Israélien, d’un Hindou, d’un Tunisien, d’un Marocain ou d’un national-socialiste. Hitler est un auteur né au XIX° siècle, je le rappelle… quand je pense qu’on nous rebat les oreilles avec un autodafé, sous Hitler, commis par des étudiants en colère, alors que maintenant ce sont des policiers qui font ça sur ordre, quel progrès de la démocratie.
- Vous recevez des soutiens, pour votre résistance contre l’arbitraire, parmi les intellectuels espagnols bien en chaire, si l’on peut dire ?
Non, le philosophe Fernando Savater s’est énervé une fois, et c’est tout. C’est un fort en gueule, il continue à proclamer que l’Espagne est une démocratie formelle, mais n’est déjà plus un État de droit. Il ne s’est pas attardé sur les déboires de la librairie Europa. Mais nos ennemis ont d’ores et déjà perdu la bataille de la propagande.
- Que pensez-vous du gouvernement espagnol, qui est de gauche, et qui, le premier en Europe, a reconnu l’État palestinien « du fleuve (le Jourdain) jusqu’à la mer » ?
Ce gouvernement agit selon la tradition historique de notre diplomatie, je n’ai rien à redire. La gauche a pour vocation la charité, la protection et la défense de ceux qui sont privés de leurs droits.
- Nous avons tous besoin, dans les batailles de notre temps, de gens comme vous, qui préservent leur qualité humaine, et la santé mentale de tous. Vous êtes un rassembleur, après tant de tracas divers depuis trente ans déjà.
Il faut se battre contre le pessimisme, cultiver la foi, la joie et l’enthousiasme. La vérité vous rendra libres, c’est le Christ qui l’a dit.